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OGM : selon Monsanto, une modification génétique peut en cacher une autre

Par Christophe NOISETTE, Eric MEUNIER

Publié le 09/02/2015

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Les insectes peuvent-ils tirer profit de plantes génétiquement modifiées (PGM) insecticides ? Cette question n’est pas soulevée par de tâtillons militants anti-OGM, loin de là. Elle est issue d’un article scientifique publié en 2014 dans la revue Bulletin of Entomological Research par des chercheurs brésiliens… et Monsanto [1] !

Dans cet article, les chercheurs, dont ceux de Monsanto, montrent que le maïs MON87701*MON89788 [2] génétiquement modifié pour produire une protéine insecticide n’a, ô surprise !, aucun impact sur Spodoptera eridania [3], un lépidoptère non cible. Bien au contraire, et curieusement, il favorise son développement !

Si l’article est non seulement flou pour ce qui concerne les lignées d’insectes utilisées et faible quant au traitement statistique des données obtenues, l’hypothèse avancée pour expliquer le développement favorisé du papillon est néanmoins intéressante. En effet, les auteurs ont noté que cette chenille se développait davantage quand elle se trouvait en contact avec ce maïs GM Bt. Les auteurs expliquent simplement que ce phénomène n’est pas lié à « la présence de la toxine [Bt] » mais « indirectement aux modifications non souhaitées des caractéristiques de la plante causées par l’insertion du transgène ou des étapes d’amélioration végétale après transformation ». Ce qu’affirment, depuis de nombreuses années, les scientifiques sceptiques vis-à-vis de la transgenèse qui considèrent que l’insertion d’un transgène peut produire des effets connexes non désirés.

Cette surprenante découverte mériterait d’être approfondie et détaillée. Mais interrogé par Inf’OGM, le Dr A.F. Bueno, co-auteur de l’article, est ambigü. D’un côté, il suggère dans l’article que l’impact sur le développement de la chenille peut être dû aux « modifications non souhaitées » suite à la transgenèse. Or, ces « modifications non souhaitées » peuvent théoriquement se voir en étudiant la composition de la plante. Et justement, Monsanto a fourni à l’Union européenne un dossier de demande d’autorisation pour ce maïs, dans lequel figurent ces données sur la composition de la plante. Mais si le Dr A.F. Bueno confirme à Inf’OGM qu’il « serait important de faire un tel rapprochement », il indique néanmoins, d’un autre côté, « ne pas avoir l’intention de le faire ». Une réponse pour le moins paradoxale quand on lit que trois chercheurs de Monsanto, qui doivent donc bien connaître le dossier d’autorisation, ont co-signé l’article…

Ces articles produits par l’industrie sont légion (avec le dernier en date : l’article des salariés de Pioneer qui montrait que le maïs de Pioneer ne présentait pas d’impact sanitaire [4]). Cette prolifération n’est pas sans nous questionner : est-ce pour noyer dans la masse les articles qui pourraient montrer des faiblesses ou des impacts négatifs des plantes génétiquement modifiées (PGM) ? Certes, des chercheurs opposés aux OGM peuvent en faire autant, dans l’autre sens. Mais, étant donné ses moyens humains et financiers, on peut d’ores et déjà parier que l’industrie gagnera cette course effrénée et sans vergogne à la publication d’articles scientifiques.

[1« Development and reproduction of Spodoptera eridania (Lepidoptera : Noctuidae) and its egg parasitoid Telenomus remus (Hymenoptera : Platygastridae) on the genetically modified soybean (Bt) MON 87701×MON 89788 », O.C. Bortolotto et al., Bulletin of Entomological Research, 2014, Vol 104 (06), pp 724-730

[2Ce maïs est en cours de demande d’autorisation dans l’Union européenne. Consulter sa fiche : Soja Mon87701*Mon89788

[3Spodoptera eridania est une chenille communément appelée « légionnaire semi-tropical », qui s’en prend essentiellement aux tomates et patates douces

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