SUISSE – Coexistence possible ?
A la demande de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), la station fédérale de recherches Agroscope FAL Reckenholz a examiné les risques de contamination sur trois cultures (maïs, blé et colza), depuis la planification des rotations jusqu’à la livraison de la récolte par l’agriculteur. Les coûts d’une coexistence et la transformation ultérieure n’ont donc pas été considérés. Six mécanismes principaux sont susceptibles de conduire à des contaminations pour lesquelles les chercheurs ont envisagé des “solutions”. Selon l’étude, la contamination par la semence peut être minimisée par l’utilisation de semences certifiées. Les repousses peuvent être maîtrisées par un travail du sol optimal après la récolte et par des intervalles entre les cultures. Les chercheurs ont distingué le vol de pollen du croisement (fécondation), car “tout pollen disséminé ne conduit pas obligatoirement à une fécondation”. Selon l’étude, un “effet de bordure” est observé, avec un taux de croisement relativement élevé dans les bords de champ, taux qui diminue de façon exponentielle en fonction de l’éloignement croissant de la source de pollen. Or, minimise l’étude, “dans la pratique agricole conventionnelle, le produit des récoltes est mélangé sur toute la parcelle, ce qui atténue cet effet de bordure par dilution […] malheureusement, cette dilution ne peut pas être quantifiée de façon générale car elle dépend de la forme et de la taille de la parcelle ainsi que du déroulement de la récolte”. Les chercheurs concluent que “les taux de croisements moyens dans les récoltes conventionnelles sont, du fait de l’effet de dilution, assurément inférieurs à 0,5% dans la récolte globale, même s’ils étaient supérieurs à cette limite dans les bords de la parcelle”. Pour le colza, une distance d’isolation de 50 mètres est suffisante pour abaisser le taux de croisement au-dessous du seuil de 0,5%, alors que curieusement une distance de 400 mètres, comme pour la production de semence hybride, est recommandée pour les variétés de colza dont les composantes mâles sont stériles. Pour les cultures de maïs, colza et blé, “une coexistence serait possible à condition que les agriculteurs respectent toute une série de mesures techniques et organisationnelles”. Suite à la publication de cette étude, la Coordination romande en faveur de l’initiative sans OGM a publié ses commentaires sous le titre “Des recommandations surréalistes pour le lobby OGM”. Pour la Coordination, l’étude, en voulant légitimer la culture d’OGM, “énumère toutes les raisons pour lesquelles la coexistence est impossible en pratique… sans en tenir compte” et écarte la question des coûts consécutifs aux mesures à prendre pour respecter la séparation des flux de marchandises OGM et non-OGM. Par ailleurs, la Coordination considère surréalistes les distances d’isolation proposées car des études similaires envisagent 1 km pour le maïs et 4 km pour le colza.