Le darwinisme contesté
L’environnement, qui agit sur le métabolisme d’un individu, pourrait aussi exercer une influence indirecte sur sa descendance. En étudiant la population d’une petite commune sur plusieurs générations, Lars Olov Bygren et ses collègues de l’université d’Umea, ont montré que l’abondance de nourriture disponible durant la petite enfance du grand-père était corrélée au risque pour ses petits-fils de développer des maladies cardio-vasculaires ou un diabète. Ces phénomènes ont été mis en évidence grâce à l’étude de 320 individus nés en 1890, 1905 et 1920. Les chercheurs ont reconstitué leur arbre généalogique pour savoir si leurs ascendants paternels et maternels avaient subi, avant l’adolescence, des famines ou bénéficié de périodes de surabondance de nourriture. Ils ont ensuite mis en évidence des corrélations statistiques entre la diète des aïeux et la santé de leurs descendants. Cette observation ressuscite les thèses de Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829), auteur d’une théorie de l’évolution des espèces stipulant que les caractères acquis par une espèce au cours d’une génération, par suite de l’influence du milieu dans lequel elle vit, étaient transmissibles à la génération suivante. Cette approche avait été disqualifiée par les travaux de Darwin, pour lequel le moteur de l’évolution était la sélection naturelle due à la lutte pour l’existence.