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Les semenciers se retirent de la lutte contre la faim dans le monde
Les entreprises Monsanto et Syngenta se sont retirées du programme d’Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles en faveur du développement (IAASTD) car, à la lecture du projet de rapport final de ce programme, les deux entreprises, représentées par CropLife, se sont déclarées « préoccupés par l’orientation qui était donnée au projet et par le fait que notre contribution n’était pas convenablement prise en compte ». Suite au Sommet mondial de Johannesburg en 2002, l’IAASTD fut lancé par la Banque mondiale et les Nations unies avec pour objectif d’établir ce que pourrait être une agriculture durable. L’IAASTD a donc réuni une soixantaine de membres de la société civile, de gouvernements et d’institutions internationales pour discuter les connaissances scientifiques agricoles. « Nous nous attendions à voir des références à la phytotechnologie et au rôle potentiel qu’elle peut jouer », a déclaré Denise Dewars de CropLife [1]. Cette déception des entreprises porte notamment sur certains passages que l’on peut lire [2] – sans avoir le droit de les citer, le rapport étant provisoire – dans le résumé du rapport qui sera présenté à la séance plénière d’avril. Selon ce projet de rapport, l’évaluation des biotechnologies, dont la transgénèse, n’a pas été conduite au même rythme que leur développement et les données issues des évaluations ne sont pas unanimes quant aux avantages ou inconvénients. Les risques ou bénéfices liés à ces biotechnologies sont d’ailleurs encore à déterminer. Le rapport souligne également une hétérogénéité quant aux rendements des cultures GM, certaines donnant de meilleurs résultats que les cultures non GM, d’autres en donnant de moins bons. Concernant la propriété intellectuelle, que ce soit sur les PGM ou les transgènes, le rapport met en avant le risque de mainmise de quelques entreprises sur les ressources agricoles avec les conséquences que cela peut avoir dans les pays en voie de développement comme le freinage de la recherche publique ou la fin de la conservation des semences. Enfin, le rapport souligne les risques économiques en cas de contamination pour les agriculteurs victimes. Bob Watson, directeur du projet de création de l’IAASTD, s’est déclaré « très déçu » par ce retrait des entreprises, précisant que « s’ils peuvent prouver que nous n’avons pas été objectifs ou que le langage du rapport est partial, nous pouvons en discuter ». Pour Jan Van Aker, chargé de campagne OGM de Greenpeace International, « c’est une honte de se retirer d’une si bonne initiative, simplement parce que votre stratégie commerciale ne correspond pas à des principes scientifiques et que des experts ont exprimé une opinion plus équilibrée que la vôtre ».
[1] The Guardian, 22 janvier 2008, http://www.guardian.co.uk/environme…