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UE – Le forçage génétique rejeté

Par Christophe NOISETTE

Publié le 27/01/2021, modifié le 08/07/2024

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Plusieurs associations européennes, dont Pollinis, France Nature Environnement (FNE) et OGM Dangers pour la France, ont commandé un sondage européen sur le forçage génétique. Ce sondage révèle que « la majorité des citoyens de l’UE rejette la modification génétique des espèces sauvages  ».

Le forçage génétique est une forme extrême de modification génétique dans la mesure où celle-ci donnera, en très peu de générations, 100% d’individus modifiés ce qui n’est pas le cas dans la reproduction sexuée naturelle. le forçage s’auto-réplique en balayant le brassage de la transmission mendélienne [1] Le but de cette biotechnologie est soit d’éradiquer des populations d’espèces sauvages, soit de les rendre plus fortes et dominantes [2]. Le forçage génétique pourrait aussi conduire à la fabrication d’armes biologiques.

Des risques trop élevés pour 70 % des français

8826 personnes ont été interrogées dans huit pays de l’UE (Allemagne, Italie, France, Espagne, Pologne, Danemark, Suède et Bulgarie) en décembre 2020, échantillon se voulant représentatif de 280 millions d’européens. Ce sondage révèle qu’une nette majorité de citoyens (46 à 70% selon les pays, dont 70 % pour la France) estime que les risques d’une dissémination d’organismes issus du forçage génétique dans l’environnement sont trop élevés. Ce même sondage montre un «  très faible niveau de soutien (7 à 16 %, dont 8 % pour la France) à l’utilisation du forçage génétique dans l’environnement ». Par ailleurs, « une grande partie des répondants sont encore indécis (14 à 27 %) ou ne savent pas (1 à 4 %) ». Pour la France, 22 % sont soit indécis (14%), soit ne savent pas (8%).

Les sondés sont majoritairement opposés à la dissémination de tels OGM tant qu’il n’est pas « scientifiquement prouvé que leur dissémination ne porterait pas atteinte à la biodiversité, à la santé humaine, à l’agriculture et à la paix  » (65 à 82%, dont 70 % pour la France). Enfin, et cela est cohérent avec le résultat précédent, « une majorité similaire (61 à 85 % dont 68% pour la France) est d’accord pour dire que l’approbation de la dissémination dans l’environnement d’organismes génétiquement forcés qui pourraient se propager à l’échelle mondiale doit faire l’objet d’un consensus mondial ». Les associations commanditaires du sondage expliquent qu’un OGM qui s’auto-réplique a pour objectif de contaminer toute l’espèce et donc touchera même des populations distantes. Or, une menace globale requiert un consensus global, lequel nécessite, au moins, l’accord des premières communautés touchées.

Selon ce sondage, les Français font partie des Européens les plus réticents à cette nouvelle technique : 70 % s’opposent à la dissémination d’organismes issus du forçage génétique dans l’environnement à cause des risques alors que 8 % y sont favorables car ils pensent que les avantages surpasseront les risques et 22 % ne savent pas.

On constate que les Européens sont bien conscients que les organismes forcés et forçant sont des nouveaux OGM tels que les nouvelles techniques de modification génétique (CRISPR-Cas9) peuvent les faire.

« Les Français semblent avoir compris que les crises profondes, notamment sanitaire et écologique, que nous subissons appellent des réponses systémiques et non pas uniquement techniques ou technologiques », estime Christian Hosy de France Nature Environnement (FNE).

Hervé Le Meur d’OGM Dangers [3], considère que « le forçage génétique révèle le projet de se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature par les “sciences de la vie”. C’est un projet démiurgique qui est la suite logique des OGM transgéniques. Peu importent les avantages et inconvénients : nous nous y opposons totalement ».

Danois et suédois plus favorables au forçage génétique

Dans l’Union européenne, les pays où les citoyens sont les plus opposés à la dissémination de tels organismes sont la France (70%), la Bulgarie (69%) et l’Espagne (66%), alors que c’est au Danemark (46%) et en Suède (46%) que les citoyens lui sont les plus favorables. L’Italie (53%), la Pologne (58%) et l’Allemagne (60%) ont des positions moins tranchées. Certains résultats sont quelque peu surprenants. Pour la France et la Bulgarie, l’opposition massive aux OGM transgéniques se retrouve bien dans ces résultats. Mais l’Italie nous paraissait plutôt opposée aux modifications génétiques. Pourtant, ce sondage indique une opposition plus faible (65%) qu’en Espagne (77%) ou en Allemagne (67%). Concernant le Danemark (54%) et la Suède (58%), ces résultats sont cohérents : ce sont des pays globalement confiants dans ces nouvelles techniques.

Concernant l’idée d’attendre des preuves scientifiques d’absence de risque, les sondés sont moins divisés. Le Danemark reste le pays où la méfiance vis-à-vis de cette technique est la plus faible. Ils ne sont que 65 % à vouloir attendre un tel consensus (l’Allemagne est sur la même longueur d’onde avec 65 %). Les sondés sont 82 % à le demander en Bulgarie et en Espagne, 80 % en Italie. La France et la Pologne sont les deux pays les plus indécis sur l’exigence d’une évaluation scientifique (10 % et 11 % respectivement).

Les personnes âgées plus réticentes

Nous notons également que plus les sondés sont âgés, plus ils s’opposent au forçage génétique (variations de 52% à 79% en France !). Ceci dit, personne ne sait comment les plus jeunes évolueront. En effet, si les 18-25 ans l’acceptent à 18%, en revanche, la tranche suivante (les 25-34 ans) ne l’accepte plus qu’à 9%. Serait-ce donc un effet de la jeunesse qui fait qu’on est plus susceptible de penser que les gens sont généreux et que donc les nouvelles techniques sont pensées pour rendre notre monde plus confortable, plus juste, plus beau… ?

Notons également que dans tous les pays, à l’exception de la Suède, les femmes sont plus réticentes vis-à-vis du forçage génétique.

L’enquête représentative a été menée par l’institut international d’études de marché YouGov. L’enquête a été commanditée par une alliance constituée des organisations suivantes : WeMove Europe, Save Our Seeds/Zukunftsstiftung Landwirtschaft (Allemagne), Bund für Umwelt und Naturschutz Deutschland (BUND) (Allemagne), Deutscher Naturschutzring (DNR) (Allemagne), Umweltinstitut München (Allemagne), France Nature Environnement (FNE) (France), POLLINIS (France), OGM Dangers (France), Skiftet (Suède), Za Zemiata (Bulgarie).

[1Dans une reproduction classique, dite mendélienne, chaque individu transmet la moitié de son patrimoine génétique.

[3Et par ailleurs administrateur d’Inf’OGM.

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