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PGM et pauvreté : l’équation n’est pas évidente

Par Eric MEUNIER

Publié le 21/08/2009, modifié le 27/02/2025

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Le groupe du Parlement anglais sur la dette, l’aide au développement et le commerce a organisé, le 10 juin 2009, une conférence d’information sur la faim dans le monde et la pauvreté. Au cours de cette conférence la question des PGM a été abordée [1]. Le Dr. Dominic Glover, de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas, travaille au recueil et à l’analyse des données concernant le coton Bt. Il a donc rappelé quelques éléments qui lui paraissent importants à garder en tête par des décideurs politiques : le coton Bt protège contre des insectes seulement en cas de présence desdits insectes. Dans le cas inverse, il peut même s’avérer moins rentable que des variétés non GM. Il a un impact faible sur la quantité de pesticides utilisés. Des insectes « secondaires », non cibles, pourraient voir leur population augmenter pour combler le vide créé par la destruction des insectes cibles, rendant les bénéfices non durables. Enfin, les petits agriculteurs seraient les premières victimes d’une destruction du coton Bt par un autre insecte alors même qu’ils se seront endettés pour acquérir du coton Bt.

Pour les impacts économiques, c’est Erik Millstone, de l’Université du Sussex au Royaume-Uni, qui est intervenu. Il a ainsi rappelé que la question de base concernant les PGM n’était pas de savoir si elles pouvaient apporter des bénéfices, mais de savoir dans quelles conditions elles pouvaient être bénéfiques. Et les réponses à cette dernière question semblent moins évidentes. Pour que les petits agriculteurs puissent tirer des bénéfices de telles plantes, elles doivent être vendues à bas prix, ce qui n’est le cas nulle part à l’heure actuelle. La technique agricole liée aux PGM devrait permettre de générer des emplois et non en remplacer comme cela peut être le cas en « simplifiant » le travail de l’agriculteur et en conduisant à des modèles agricoles où les petits agriculteurs n’ont plus leur place. En bout de course, une nouvelle technologie non adaptée économiquement peut amplifier les différences plutôt que de résoudre le problème de pauvreté.

Pour finir, Peter Newell de l’Université de East Anglia au Royaume-Uni, est intervenu afin d’élargir le débat. Pour lui, les PGM n’apporteront pas de réponse au débat sur la propriété foncière et la protection sociale, deux secteurs clefs dans le combat contre la pauvreté. Et les arguments en faveur des PGM mériteraient d’être plus précis : l’augmentation théorique des rendements est-elle reproduite d’une année sur l’autre systématiquement ? Pourquoi les modifications effectuées concernent seulement les cultures à forte rentabilité financière et non les cultures vivrières ? Selon lui, il est malgré tout contradictoire d’attendre d’une entreprise comme Monsanto d’avoir comme objectif final la réduction de la pauvreté. Pour ce chercheur, faire porter aux PGM tous les espoirs de lutte contre la pauvreté ne conduira qu’à renforcer la situation actuelle.

Autant de questions ou d’arguments souvent énoncés mais qu’il est intéressant de remettre sur la table des élus en vue de leurs prochains débats sur les politiques agricoles, ou de lutte contre la faim dans le monde ou la pauvreté, qu’ils seront sûrement amenés à avoir.

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