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OGM – Etude Séralini : l’Inra réagit
Deux réactions sont venues s’ajouter à celles, nombreuses, qu’a suscitées la publication d’une étude de toxicologie faite par le professeur G.E. Séralini : celle de l’Inra, en tant qu’institution, et celle du syndicat Sud au sein de l’Inra.
La direction, dans une lettre adressée aux salarié-é-s de l’Inra [1], ne parle au final que peu de l’étude en question. Elle cherche surtout à montrer que cette institution est très impliquée dans l’expertise sur les OGM. François Houillier énumère, à la Prévert, ce que l’Inra fait et précise qu’une « analyse critique de l’article de Séralini et al., coordonnée par Christine Cherbut » a été produite en interne mais n’est pas encore publique. Toujours au niveau du contexte, l’Inra rappelle qu’elle « a publié cette année [2] une méta-analyse d’un ensemble de 24 études de moyen-long termes ou multigénérationnelles sur l’impact en santé animale de l’ingestion de plusieurs espèces végétales transgéniques (maïs, soja, riz, pomme de terre, triticale) : l’une de ces études porte ainsi sur un autre OGM, le maïs MON810, sur une période de 25 mois » [3] Il s’agit de la fameuse méta-analyse, mieux connue sous le nom de « l’étude Ricroch ». Comme nous l’avons déjà souligné, cette étude ne peut prétendre être comparée au travail de G.E. Séralini puisque cette méta-analyse s’intéresse surtout à des études d’alimentarité, et non de toxicologie. Ensuite vient la présentation du programme européen GRACE – GMO Risk Assessment and Communication of Evidence – consacré à la gestion des risques, auquel l’Inra participe.
Conclusion de la lettre adressée aux salarié-e-s de l’Inra : « Le collège de direction est conscient de l’émotion que suscitent les débats actuels et de la tension que cela peut créer pour les personnels, dans les unités, les centres ou les départements qui sont sollicités par divers canaux. Nous sommes à votre écoute et nous tenons à vos côtés pour vous appuyer dans cette mission délicate qui consiste à répondre, aussi rationnellement et sereinement que possible, à ces sollicitations ».
Par ailleurs, François Houllier, dans une tribune sur Internet [4], se montre plus offensif. Cette fois-ci, il évoque l’étude en des termes négatifs : « Dans le dossier OGM, la recherche publique aurait été aux abonnés absents, obligeant Gilles-Eric Seralini à conduire une étude secrète. […] Quelques jours auront pourtant suffi à la communauté scientifique française et internationale, aux médias les plus éclairés et aux réseaux sociaux pour révéler les ambiguïtés de ces travaux ». S’il précise ensuite que cette étude est en cours d’expertise par l’Anses, l’AESA, etc., il considère que cette étude a un impact négatif sur le débat et sur la vision que les français ont de la recherche publique : « Le poison de la peur et du doute est ainsi instillé. […] Le doute, aussi, vis-à-vis de la recherche publique qui ne remplirait pas sa fonction, voire qui ignorerait volontairement ce sujet du fait de ses relations avec les firmes de l’agro-chimie. […] Le mal est donc fait. Il est injuste, mais pas irréparable ». Ensuite, vient le temps des explications. Si la recherche publique ne peut pas faire son travail, c’est du fait des Faucheurs volontaires qui ont détruit, à Colmar, quelques plants de vignes. Un peu léger comme argument. Cependant, François Houllier en appelle à plus de crédit pour la recherche publique, ce que réclame aussi G.-E. Séralini. La direction de l’Inra oppose les deux expertises. Ne devraient-elles pas, au contraire, s’épauler, au lieu de se dénigrer mutuellement ?
Syndicat Sud Inra : « quelle place pour les biotechnologies à l’Inra ?«
A l’inverse, le communiqué du syndicat Sud Inra, intitulé « Après la publication « Séralini » sur les risques de consommer un maïs OGM : une controverse qui nécessite, à nouveau, de se poser les bonnes questions ! » [EuropeFranceEvaluation des risquesGESInstitut de rechercheSyndicat [1] cf. [2] Snell et al., 2012, Food and Chemical Toxicology, 50 : 1134-1148 [3] Inf’OGM précise que cette étude concerne des vaches qui ont une durée de vie supérieure à celles des rats. Ainsi, les deux études ne sont pas comparables, car l’une concerne une étude sur une « vie entière », l’autre sur une petite portion de vie. Cette méta-analyse, par ailleurs, reconnait que pour les maïs produisant un insecticide, donc les maïs Bt., « No long-term rodent studies are available for GM maize ».