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Luc Guyau élu à la tête du conseil de la FAO

Par Christophe NOISETTE

Publié le 22/11/2009, modifié le 27/02/2025

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Le 22 novembre 2009, et par 75 voix contre 69, Luc Guyau a été élu au poste de président indépendant du conseil de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. (FAO) [1].

Ancien président de la FNSEA (1992-2001), Luc Guyau a par la suite présidé l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture depuis 2001. Il est aussi vice-président du Conseil départemental de UMP de Vendée, et vice-président du Conseil Économique Social et Environnemental. Sa candidature à la FAO avait reçu le soutien du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire et du ministre des Affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner.

L’instance dirigeante de la FAO, dont le directeur est Jacques Diouf, est la Conférence des Nations membres, qui se réunit tous les deux ans. La Conférence élit un Conseil de 49 Nations membres qui joue le rôle d’organe intérimaire et que préside désormais M Guyau.

Dans un communiqué de presse, publié le 22 novembre 2009 [2], l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) a déclaré : « En élisant un agriculteur, les 190 pays membres ont marqué leur reconnaissance à l’égard des agriculteurs qui contribuent à assurer une offre alimentaire suffisante et, par là même, à relever le défi de la sécurité alimentaire mondiale ». Puis, plus loin : « En élisant un représentant de la société civile, les membres du Conseil ont enfin donné une marque tangible de l’esprit d’ouverture qu’ils souhaitent insuffler au sein des organes de gouvernance de la FAO, dans le droit-fil du plan de réforme souhaité et adopté par la Conférence ».

Une élection qui ne fait pas l’unanimité

Cette élection est loin de faire l’unanimité. Ainsi, la Confédération paysanne a réagi en précisant [3] : « Mais peut-on aujourd’hui faire confiance à celui qui, à l’aide de son syndicat, a jeté l’Europe dans une course folle au productivisme dans l’ambition de « nourrir le monde », à celui qui a défendu la vocation exportatrice de la France ? » Et de citer Luc Guyau : « Si l’Europe […] ne joue plus son rôle de producteur, pour nourrir les populations mondiales qui ont besoin de nous, elle sera responsable de grandes famines. […] Sachons répondre rapidement aux crises, aux guerres ou aux famines. Il n’est pas trop tard. Nous avons les moyens d’aider les pays dont les habitants meurent de faim en leur donnant la nourriture… ». Pour la Confédération paysanne, mais aussi pour de nombreuses autres organisations, de développement (CCFD, …) ou de défense de l’environnement (Amis de la Terre, …), le problème de la faim dans le monde n’est pas tant une question de commerce ou de générosité qu’une question de répartition des richesses et de droit des peuples à se protéger et à choisir [4]. La Confédération paysanne évoque un cas concret de dysfonctionnement du marché mondial responsable de la faim dans le monde : d’un côté, l’Europe dépend du soja d’Amérique du Sud pour nourrir son bétail, privant ainsi les populations de terres nécessaires à l’agriculture vivrière. Et, à l’autre bout de la chaîne alimentaire, le poulet européen est exporté en Afrique, ce qui déstabilise complètement la filière « volaille » sur ce continent. Pour sortir rapidement de cette logique absurde, Luc Guyau sera-t-il la personne capable, à la tête de la FAO, de mener cette rupture politique vitale ? Interrogé par le JDD, le CCFD faisait part de ses doutes et précisait : « à un moment où l’on cherche à renforcer la FAO, qui est confrontée à plusieurs défis, dont la question des agricultures familiales et vivrières et l’adaptation des agricultures des pays du Sud au changement climatique, la nomination de l’ancien président de la FNSEA suscite des réserves. […] Ce n’est pas forcément un très bon signe par rapport aux pays du Sud ». Pour le CCFD la politique de la FNSEA sur les questions des restitutions à l’exportation a « affecté les petits producteurs du reste du monde » [5].

[4Christophe Noisette, « Des OGM pour nourrir le monde ? une mauvaise réponse technique à un problème politique », éd. Rés’OGM info / Inf’OGM, novembre 2009, 88p., 7 euros, Des OGM pour nourrir le monde ? : Une mauvaise réponse technique à un problème politique

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