Les micro-organismes génétiquement modifiés
Les micro-organismes sont les premiers êtres vivants à avoir été modifiés en laboratoire, soit à des fins de recherche, soit plus tard, pour des productions industrielles de produits comme les additifs dans l’alimentation humaine et animale, les auxiliaires de production ou autres. Depuis 2023, certaines entreprises demandent à pouvoir les utiliser en tant que tels directement dans l’alimentation ou en agriculture, sans encadrement réglementaire spécifique.
Un micro-organisme : c’est quoi ?
Étymologiquement, un micro-organisme est un « petit organisme », donc un être vivant si petit qu’il n’est observable qu’au microscope. Ce terme englobe une variété d’espèces très différentes, qu’elles soient procaryotes (c’est-à-dire unicellulaires sans noyau, comme une bactérie) ou eucaryotes (pluricellulaires, avec noyau, comme des levures ou des algues). Le terme peut également inclure les virus.
La directive européenne 2009/41 propose quatre classes de MGM, selon que leur utilisation en milieu confiné sera plus ou moins dangereuse pour la santé ou l’environnement, nécessitant ainsi soit une autorisation, soit une simple notification de l’activité en question. La classe 1 représente des opérations dont le risque est négligeable, les classes 2, 3, et 4 des opérations dont le risque est respectivement faible, modéré et élevé. En fonction de la classe, les manipulations et autres stratégies de confinement doivent être adaptées.
De son côté, la directive 2001/18 et les règlements affiliés (règlement 1829/2003) définissent ces micro-organismes comme OGM s’ils ont fait l’objet d’une modification génétique ne pouvant être obtenue naturellement. Ces textes imposent une autorisation, évaluation préalable de risques, un étiquetage… aussi bien aux MGM qu’aux molécules produites par ces derniers.
Des micro-organismes, usines de fabrication
Dans l’alimentation humaine ou animale, il est de plus en plus courant que les additifs et les arômes soient produits, en milieu confiné, par des micro-organismes génétiquement modifiés [1]. Mais l’origine OGM de ces additifs ou autres vitamines, arômes… n’est pas renseignée sur les étiquettes. En 2006, le législateur européen a en effet souhaité faire disparaitre cette information pour raisons commerciales. Il a donc décrété que les additifs alimentaires seraient décrétés produits à l’aide d’un OGM et non à partir d’un OGM. L’obligation d’étiquetage ne s’applique dès lors plus.
De même, les auxiliaires technologiques (enzymes par exemple) produits à l’aide d’un OGM ne sont pas considérés comme des ingrédients. Ils ne sont donc pas soumis à une procédure d’autorisation européenne ni concernés par l’étiquetage. Ainsi, de nombreux fromages sont désormais produits avec une enzyme appelée chymosine, de la bière avec de la béta-glucanase ou du sirop de maltose avec de l’alpha-amylase, toutes trois pouvant être produites par des micro-organismes génétiquement modifiés ou non. Mais aucune information pour le consommateur n’est donnée. Concrètement, la chymosine était auparavant issue de l’estomac de la vache. Via modification génétique, cette enzyme peut être produite par une bactérie, dans laquelle on a inséré le gène de la prochymosine, isolé d’une cellule de l’estomac de veau. Le produit final est ensuite « purifié » et ne contient en théorie plus de trace de la souche qui a servi à sa production… et n’est donc pas étiqueté.
au service de la médecine, de l’industrie…
Des stratégies utilisant des plantes ou des animaux génétiquement modifiés sont utilisées pour produire des molécules utiles à différentes industries (cf. La moléculture ou l’utilisation des OGM pour produire des molécules ). Mais les micro-organismes – GM ou non – restent encore à ce jour l’outil préféré des industriels du fait de leur plus grande facilité d’utilisation à de moindre coût.
Il en est ainsi de l’utilisation des micro-organismes génétiquement modifiés est la production de médicaments – insuline, vaccins, etc. – ou de molécules industrielles. La plupart du temps les micro-organismes ne quittent pas le laboratoire vivants. Mais des projets de MGM en milieu ouvert ont émergé.
Des projets pour les disséminer dans l’environnement ou l’alimentation
Plusieurs entreprises souhaitent que l’utilisation de MGM dans l’environnement et l’alimentation puisse se faire en dehors de tout cadre réglementaire OGM [2]. Profitant de la proposition de dérèglementation faite par la Commission européenne en juillet 2023, elles demandent que la même dérèglementation soit envisagée pour les micro-organismesDans le domaine alimentaire et agricole. Quelques rares cas de MGM sont d’ores et déjà commercialisés en tant que tel en dehors de l’Union européenne. L’entreprise Berkeley Brewing Science commercialise quelques levures GM dans l’industrie de vinification ou de bières. Une bactérie GM est également déjà commercialisée par Pivot Bio aux USA comme fertilisant aux champs.