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en se prononçant en faveur des OGM, les Académies des Sciences, de médecine et de pharmarice sont-elles devenues des filiales des grandes firmes de biotechnologies ?
Après l’amiante et la dioxine, l’Académie de médecine et pharmacie et l’Académie des sciences tentent de dédouaner les OGM.
Dans Le Monde du 14 décembre 2002, nous apprenons que les Académies de médecine et pharmacie, et l’Académie des sciences ont produit un rapport – qui n’est toujours pas disponible sur leur site – où elles se prononcent en faveur des OGM. Attac s’interroge sur les fondements scientifiques qui ont permis à ces autorités d’arriver à de telles conclusions. Leurs rapports favorables à l’amiante et à la dioxine il y a quelques années nous permet de douter de la pertinence de leur jugement.
En adoptant une position d’ordre économique et politique, ces scientifiques sortent de leur champ de compétence. Ils préconisent en effet la levée du moratoire européen sur les importations d’OGM en arguant de « l’infériorité de la France et de l’Union européenne par rapport à d’autres pays industrialisés ». On peut légitimement se demander si cette argumentation n’est pas liée aux rapports étroits de certains d’entre eux avec des firmes de l’agro-chimie.
Pourtant, l’Europe, et en particulier la France, dispose d’un avantage concurrentiel déterminant dans le secteur des produits de qualité (AOC, agriculture vivrière, biologiqueŠ). Pourquoi vouloir concurrencer les semenciers nord-américains dans le domaine de l’agro-alimentaire OGM, alors même que la rentabilité économique de cette filière est remise en question ? Un rapport secret de l’Union européenne – dévoilé par Greenpeace – révèle l’incompatibilité des deux filières (avec et sans OGM). Au Canada, on estime aujourd’hui que 80 % des récoltes de colza sont contaminées, au point qu’il n’est plus possible de cultiver du colza non-OGM.
Une très faible partie des crédits de recherche, tant privée que publique, est consacrée à l’évaluation de l’impact sur la santé et l’environnement des plantes OGM cultivées en plein champ. De même, les moyens alloués à la recherche sur des alternatives aux OGM sont dérisoires.
Du haut de leur autorité, les Académies font miroiter d’hypothétiques objectifs humanitaires, économiques et écologiques, qui peuvent dès maintenant être atteints par des méthodes moins risquées.
En outre, quand bien même les OGM ne présenteraient pas de risques pour la santé (ce qui reste à démontrer), leur impact socio-économique (agriculture intensive plutôt que paysanne) et politique (monopole de quelques multinationales) ne peut pas être négligé. C’est pourquoi la recommandation des académies est encore non seulement non scientifique mais aussi peu responsable.
La question n’a rien à voir avec une prétendue opposition entre science et obscurantisme, comme certains voudraient le faire croire. En fait, les rapports des Académies tentent de faire passer des opinions, pas nécessairement désintéressées, pour des conclusions scientifiques, et cela afin d’éviter un débat démocratique qui gêne les industriels et leurs porte-parole politiques et académiques. Avec de nombreuses autres organisations, Attac va tout mettre en ¦uvre pour que ce débat ait bien lieu.
Attac, Paris, 16 décembre 2002.