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Colloque de l’AFIS : des plantes miracles pour demain ?

Par Christophe NOISETTE

Publié le 31/10/2008, modifié le 27/02/2025

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L’association Française pour l’information scientifique (Afis) a organisé au Sénat, grâce aux soutiens du sénateur Jean Bizet et du député Jean-Yves Le Déaut, le colloque « Biotechnologies & Agriculture durable, un post-Grenelle de l’environnement » [1]. Le comité scientifique était assuré par Yvette Dattée, Marc Fellous et Louis-Marie Houdebine. Les actes de ce colloque affirment que les PGM présentent non seulement très peu de risques mais qu’en plus elles peuvent être source d’améliorations, tant environnementale que nutritionnelle. Ainsi, on retrouve sous la plume de Marcel Kuntz, la promesse de bientôt voir apparaître des plantes génétiquement améliorées contenant davantage de fer, de zinc et de vitamine A.
Marcel Kuntz évoque la réalisation du Golden Rice pour l’année prochaine : « Le transfert de ces constructions géniques dans 14 variétés locales est toujours en cours. Il sera terminé dans un an pour le Golden Rice 1 et un an plus tard pour le Golden Rice 2 ».
Le chercheur conclut : « En résumé, il est possible, grâce aux biotechnologies vertes, de réduire les teneurs en toxines naturelles et en allergènes et d’augmenter, par des mécanismes appropriés, la quantité d’antioxydants – je n’ai pas parlé des flavonoïdes – et de certaines vitamines. Quant aux minéraux, il est possible d’utiliser une approche similaire pour augmenter leurs teneurs, ou bien d’augmenter leur biodisponibilité (absorption au niveau intestinal) en éliminant les antinutriments ».
Cette façon de faire, qui consiste à promettre des lendemains enchanteurs grâce aux OGM, n’est évidemment pas nouvelle. Rappelons que la communication sur le Golden Rice fut lancée en 2000, en annonçant une mise au point pour 2005. Malheureusement, la réalité des OGM est toute autre, puisque 99% des variétés cultivées à ce jour sont encore des plantes pesticides.
Et, à supposer que les laboratoires réussissent à créer de telles variétés enrichies en nutriment, est-ce la bonne solution ? La vitamine A, le fer ou le zinc ainsi produits seront-ils absorbables ? Et à quel prix ? N’existe-t-il pas des alternatives moins coûteuses et participatives ? Ces questions pourtant primordiales ne sont pas évoquées dans l’analyse précédemment mentionnée. Et plus fondamentalement, ce colloque évite également la question préalable à tout débat de ce type : les PGM sont-elles une réponse à un problème aussi politique que celui de la malnutrition ?
Enfin, même sur le plan scientifique, les positions exprimées se révèlent très partiales. Alors que ce colloque évoque la dispersion atmosphérique du pollen de maïs Bt, il passe sous silence les autres voies de contaminations, comme celles liées aux transports ou aux stockages.
Sous couvert « d’information scientifique », cette manifestation fut donc surtout l’occasion de présenter les OGM sous un angle extrêmement favorable. Rien d’étonnant lorsque l’on sait à quel point Messieurs Bizet, Le Déaut, Fellous, Houdebine, Kuntz et Madame Dattée ont toujours été de fervents défenseurs des biotechnologies agricoles.

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