UE : la culture du maïs transgénique en baisse (-18% des surfaces)
L’Union européenne a autorisé une seule variété transgénique à la culture, le maïs MON810. Ce maïs, qui produit un insecticide contre la pyrale, est cultivé depuis 1999, mais n’a jamais été adopté largement par les agriculteurs européens. Entre 2014 et 2015, les surfaces cultivées avec du maïs MON810 ont diminué de 18,3%, passant de 143 016 hectares à 116 870 hectares, alors que la sole européenne de maïs (dans les 28 États) diminuait très légèrement (moins de 2%) pour atteindre 15,1 millions d’hectares, selon les données de l’AGPM.
Les cultures de maïs transgénique dans l’Union européenne n’ont jamais vraiment décollé et sont même en baisse en 2015. Les récentes décisions des gouvernements et le manque d’enthousiasme des agriculteurs poussent les entreprises à se désengager, du moins officiellement, des OGM. En janvier 2013, BASF retirait ses trois demandes d’autorisation déposées pour les pommes de terre GM ; et en juillet 2013, Monsanto retirait tous ses dossiers (maïs, soja et betterave) à l’exception de la demande de renouvellement de ce fameux MON810. Bayer aussi a retiré trois dossiers (deux colzas et un coton). En octobre 2015, c’est au tour de Syngenta de retirer deux dossiers, celui du MIR602 et celui du Bt11xMIR604xGA21… Raison officielle : « la décision du retrait a été prise dans le cadre de la réévaluation du potentiel commercial de ces produits en Europe ». Reste donc dans les tuyaux de la Commission cinq demandes pour la culture émanant de Mycogen, Dow Agro Science et Pioneer (maïs 1507, 59122, 1507×59122) et Syngenta (maïs Bt11 et maïs GA21).
Les gouvernements ont eux aussi exprimé cette année, avec force, le rejet des maïs transgéniques. Plus de la moitié des États membres (et quatre régions) ont demandé formellement aux entreprises d’exclure leur territoire de l’autorisation du MON810 et des sept (devenues cinq) demandes d’autorisation en attente. Les entreprises ont 30 jours (à compter de la date d’envoi de la lettre de l’État membre par la Commission…) pour refuser cette demande. Actuellement, selon la Commission européenne, la Wallonie, la Hongrie, l’Autriche, la Croatie, la France, la Lettonie, et la Grèce ont vu leurs demandes acceptées.
Enfin, si on regarde la situation des OGM transgéniques dans les champs, on constate là encore un manque d’enthousiasme notoire pour le MON810… Au niveau européen, la part du maïs transgénique par rapport à la sole globale de maïs (maïs grain et fourrage) n’a jamais dépassé 0,3%, score atteint en 2000. Depuis, ce ratio se situe autour de 0,1%. En 2015, il est passé sous la barre de 0,1%, en faible diminution par rapport à 2014 (0,12%).
En Roumanie, un des pays phares de la maïsiculture européenne, les surfaces GM ont quasiment disparu. Seuls 2,5 hectares ont été déclarés officiellement par un institut de recherche agronomique. Ainsi, les quatre premiers pays en terme de surface cultivée en maïs (et notamment destiné à la production de semences) – France (23,7% de la sole européenne en 2014), Roumanie (15,4%), Italie (11,8%), Hongrie (11,7%)… soit à eux quatre, plus de 62% de la sole européenne (4) – ne cultivent pas (ou plus) de maïs MON810. D’ailleurs, même du temps où certains de ces pays en cultivaient, la proportion entre transgénique et conventionnel n’a jamais dépassé 0,25% de la sole roumaine (6130 ha en 2006), et 0,75% de la sole française (21 686 ha en 2007).
Seuls l’Espagne et le Portugal…
Roumanie, Slovaquie (104 ha) et République tchèque (997 ha) n’ont plus que quelques hectares de maïs GM cultivés. Reste donc la péninsule ibérique… Le Portugal est le deuxième pays en termes de surface, même si ces surfaces restent faibles et en diminution par rapport à l’année dernière (-6,15%) et atteignent 8017 ha, soit 4,4% de la sole de maïs portugais. La part OGM / non OGM reste stable, du fait de la baisse des cultures globales de maïs.
Enfin, en Espagne, le pays qui a réellement cultivé du MON810, la baisse des cultures de maïs entre 2014 et 2015 est importante (-18%) mais la part des OGM dans la maïsiculture espagnole a moins baissé et reste importante (de 24,75% en 2014 à 22% en 2015). Le maïs GM espagnol est très souvent consommé sur place pour les élevages de porcs hors-sol, et l’Espagne n’a jamais adopté de mesures administratives ni de coexistences contraignantes, contrairement aux autres pays européens. Or ces mesures sont, selon les ministères tchèque et slovaque, une des raisons de l’abandon des PGM.
Ces chiffres ne doivent pas masquer deux autres réalités : la présence massive de soja transgénique importé dans les élevages hors-sol. Et l’arrivée sournoise et latente d’autres OGM, comme des colzas ou des tournesols mutés rendus résistants à des herbicides…