Suisse, le triomphe du bon sens populaire
Le peuple suisse a été invité à se prononcer lors de la votation fédérale du 27 novembre dernier sur une agriculture exempte de toute manipulation génétique. Cette initiative émanant d’une coalition de paysans, consommateurs, organisations de développement et de l’environnement, proposait que l’agriculture suisse n’utilise pas d’OGM durant les cinq ans qui suivent l’adoption de cette disposition constitutionnelle. En particulier, les plantes, parties de plantes et semences génétiquement modifiées qui peuvent se reproduire et sont destinées à être utilisées dans l’environnement à des fins agricoles, horticoles ou forestières, les animaux génétiquement modifiés destinés à la production d’aliments et d’autres produits agricoles, ne pourront être ni importés ni mis en circulation.
Comme d’habitude la campagne a été mouvementée et les attaques virulentes, notamment celles venant de l’industrie agrochimique. Contrairement à ce qu’affirmaient ses opposants, cette initiative ne touchait pas la recherche et ne concernait que l’agriculture. Il s’agissait de savoir si l’on veut préserver le territoire d’une contamination génétique irréversible avec des OGM. Un second argument avancé par ses opposants affirmait que les produits génétiquement modifiés étaient capables de résoudre les problèmes alimentaires dans le monde. Alors que le collectif des scientifiques en faveur de l’initiative subissait un boycott de la part de la presse, les différents courants du mouvement paysan ont réussi à s’unir pour proposer une voix unique à l’occasion de cette votation.
Avec 55,7% de votes en faveur de cette initiative et à la majorité des cantons (fait rarissime), le peuple suisse n’a pas été dupe et a clairement fait connaître ses choix. C’est l’une des premières fois en Suisse où l’on assiste à une victoire aussi nette en matière d’OGM. Le citoyen suisse, en consommateur avisé, a su manifester sa préférence pour des produits agricoles de qualité et respectueux de la nature. La production agricole suisse ne pouvant se battre au niveau des prix sur le marché mondial, n’a pratiquement d’autre alternative que de proposer une production de haute qualité respectueuse de la biodiversité. Cependant, l’importation et la vente de produits GM restent autorisées.
Ce moratoire de cinq ans permet à la Suisse de proposer une alternative à une agriculture “tout OGM” mais ne remet pas en cause la recherche qu’elle soit confinée en laboratoire ou en plein champ. Il s’agit maintenant pour le gouvernement de traduire les résultats de cette votation dans la législation suisse.
L’Union européenne, comme le demande les ONG et le gouvernement italien devrait s’inspirer de cette votation pour engager une vraie consultation citoyenne.