n°172 - juillet / septembre 2023

L’agroécologie, une agriculture qui respecte le vivant

Par Inf'ogm

Publié le 04/07/2023

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L’agriculture industrielle détruit la biodiversité [1]. Pourtant, produire sans (trop) détruire est possible, grâce à des pratiques agroécologiques et une organisation paysanne basée sur l’autonomie. Attention cependant à la récupération : l’agroécologie ne peut être que paysanne…

L’agroécologie a le vent en poupe : en France, des instituts de recherche en agriculture (Cirad, Inrae, IRD) ont même des programmes dédiés depuis quelques années, programmes fédérés au niveau international par le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR). Dans l’Union européenne, la nouvelle politique agricole commune (PAC) 2023-2027 prévoit, dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la table » [2], des aides pour développer l’agroécologie… Mais parle-t-on à chaque fois de la même chose ?

L’agroécologie avec des OGM ?

L’application de pesticides est une des causes de la disparition de la biodiversité. Pour la stopper, il faut donc éliminer ces produits. Ancêtre de l’agroécologie, l’agriculture biologique est née dans les années 1930 en Europe, et s’est progressivement structurée en France dans les années 60 (notamment avec l’association Nature et Progrès). Deux leitmotivs : ni engrais ni pesticides de synthèse, nourrir le sol pour nourrir la plante. Voilà donc les prémisses de l’agroécologie. Mais voyons pourquoi coexistent deux types d’agroécologie.

Le décollage économique de l’agriculture biologique a entraîné l’apparition de « bio-opportunistes », des acteurs qui sont entrés dans la filière pour dégager des profits plutôt que pour protéger la biodiversité. Et cette divergence d’objectifs a entraîné une divergence de moyens et de pratiques, permise par des cahiers des charges plus ou moins stricts. Par exemple, il est possible que, sur une même ferme, coexistent des productions en agriculture conventionnelle avec d’autres en agriculture biologique, voire avec des productions, d’espèces différentes, utilisant des OGM [3]… On retrouve ces mêmes différences avec la notion d’agroécologie, qui, de surcroît, est moins encadrée car sans cahier des charges officiel. Or, avec cette absence de label, tout est permis ! C’est ainsi que l’on retrouve d’apparents fervents défenseurs de l’agroécologie… avec des OGM. 

Soyons sérieux. Ce choix éternel présenté entre la peste et le choléra (ici, les OGM ou les pesticides) cache un non sens, puisque 99% des OGM sont liés aux pesticides. Il reflète bien souvent, au mieux une paresse intellectuelle, au pire une tromperie caractérisée. Des années de développement d’une réelle agriculture biologique, voire biodynamique, avec des cahiers des charges stricts, ont montré la faisabilité d’une production sans engrais ni pesticides de synthèse… ni OGM bien sûr. Quant aux pays dits « en développement », avec un accès plus que restreint aux intrants, notamment par manque de moyens, ils fournissent depuis longtemps le gros de la production agricole – jusqu’à 80 % de l’alimentation des pays non industrialisés [4] – avec des pratiques proches de l’agroécologie.

Non, une agroécologie paysanne !

Bien que sans label officiel, l’agroécologie a fait l’objet de nombreuses définitions [5]. Celle qui nous intéresse ici, l’agroécologie paysanne, est définie et défendue par ceux qui la pratiquent, les paysans eux-mêmes, dont beaucoup sont regroupés au sein de La Via Campesina [6]. Ils l’ont définie comme « un mode de vie […], en collaboration avec la nature dans un modèle de production circulaire [qui renforce] l’autonomie des paysan.ne.s […] [et] respecte les ressources locales et protège l’environnement et la biodiversité par l’application de connaissances paysannes spécifiques […] ». Transformatrice de la société, « l’agroécologie paysanne s’appu[ie] sur des droits collectifs […] reconnaissant le droit […] des communautés à l’autodétermination et à l’autonomie. […] [C]ela signifie travailler ensemble avec la nature, et non contre elle » [7].

L’approche globale, holistique disent certains, inclut donc non seulement les techniques respectueuses de l’environnement, mais aussi les savoir-faire paysans et des peuples autochtones, pour qui l’humain fait partie intégrante de la Terre-Mère (la fameuse Pacha Mama des pays andins, mais qui est bien sûr est une réalité universelle). L’abandon d’intrants de synthèse, la diminution du recours aux énergies fossiles et l’utilisation d’énergie renouvelable, la fermeture au maximum des cycles des différents nutriments, l’économie des ressources, notamment en eau… tous ces facteurs contribuent non seulement à diminuer les pertes de biodiversité, mais aussi à l’augmenter. Les semences paysannes en sont le corollaire obligé [8] .

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