Forcer le vivant
L’association ETC Group et la Fondation Henrich Böll viennent de publier un nouveau rapport consacré au forçage génétique. Traduit par Sciences citoyennes, ce rapport Forcer l’agriculture [1], fait le point sur une technique de modification génétique qui permet de contourner les lois de l’hérédité mendélienne. Cette biotechnologie donne la possibilité, en théorie, de modifier les gènes de populations entières d’insectes, de plantes et d’animaux.
ETC Group explique donc comment les géants et les start-ups du secteur agroalimentaire dissimulent leurs motivations purement lucratives derrière des projets prétendument humanitaires comme Target Malaria qui vise l’éradication des populations de moustiques porteuses du parasite qui véhicule le paludisme. À l’instar du riz doré et autres promesses faites à la fin des années 90 pour accompagner le développement chaotique des sojas transgéniques tolérant les herbicides, ce projet vise à augmenter l’acceptation sociale d’une technologie hautement controversée. En effet, la modification de la composition génétique de populations entières permet d’augmenter considérablement les possibilités du contrôle sur la production alimentaire.
Le rapport donne de nombreux exemples de projets qui illustrent bien ces propos, comme l’envie de stériliser des insectes « parasites » comme une « alternative biologique aux pesticides », de modifier les animaux d’élevage pour en augmenter la production de viande, ou des adventices pour les rendre plus sensibles au Roundup, etc. Et bien entendu, ces innovations sont protégées par des brevets. Le rapport mentionne que deux brevets clés sur le forçage génétique peuvent avoir entre 500 à 600 utilisations agricoles, font référence aux marques de 186 herbicides, 46 pesticides et 310 insectes ravageurs utilisés en agriculture, incluant les nématodes, les acariens, les mites, etc.
[1] Forcer l’agriculture, ETC Group, fév.2019