Forçage génétique : vers une désorganisation du vivant ?
Le forçage génétique est un des derniers avatars des biotechnologies modernes. Il utilise des techniques connues, comme la transgenèse ou Crispr/Cas9 mais sa finalité est radicalement différente des OGM que nous avons connus jusqu’à présent. Son but est simple : permettre la diffusion d’une caractéristique à la totalité de la descendance. Il s’agit donc d’un projet hégémonique.
Aucun organisme vivant issu du forçage génétique n’a encore été disséminé. Mais la recherche est très active et les financements abondants. Ainsi, le Burkina Faso pourrait être le premier pays à disséminer, en 2024, des moustiques issus du forçage génétique pour tenter de lutter contre le paludisme. La Nouvelle-Zélande veut aussi éliminer certaines espèces invasives. Le forçage génétique a été proposé mais le ministère de la Conservation a pris, en mars 2020, ses distances avec cette solution et souhaite désormais tester, avant et en priorité, des techniques moins risquées et moins coûteuses [1].
Le débat sur le forçage génétique est intense. Les experts européens se réuniront en juillet pour préparer la réunion du groupe de travail sur le forçage génétique au sein de de la Convention sur la diversité biologique. Ce sera l’occasion pour les ONG de demander, à nouveau, que l’UE porte la demande d’un moratoire au niveau international. Une pétition en ligne [2] soutient cette demande. Chaque jour, des nouveaux projets émergent dans les laboratoires. Chaque jour, de nouvelles publications scientifiques débattent des risques.
Ce dossier est un premier état des lieux de la technique et de ses risques potentiels. Il analyse aussi les réglementations existantes, notamment européenne. Rendez-vous dans un ou deux ans pour un nouveau point.