Amélioration variétale : une histoire « officielle »
On se souvient du « pavé » de Christophe Bonneuil et Frédéric Thomas, Gènes, pouvoirs et profits, paru en 2009 où les auteurs relataient l’influence grandissante des semenciers dans l’évolution de la recherche publique. Presque 10 après, paraît Histoire de la génétique et de l’amélioration des plantes [1] d’André Gallais, professeur d’AgroParisTech et surtout spécialiste d’amélioration des plantes. Le sujet est le même, mais le ton bien différent, puisque l’auteur défend ici le « Progrès variétal », dans la même veine que son ouvrage précédent De la domestication à la transgénèse (Quae éditions, 2013).
Ce livre raconte l’évolution des connaissances en génétique et son application en amélioration variétale. Et dès l’introduction, le ton est donné : « À l’origine, l’amélioration des plantes était basée sur le phénotype ; désormais, elle devient de plus en plus basée sur le génotype ». Exit donc les « recherches paysannes » participatives (juste une demi-page dans le livre, pour les cantonner « à des niveaux de productivité très inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle » – p.182) et les semences paysannes dont le Réseau éponyme n’est même pas cité. Tout juste l’auteur concède-t-il l’intérêt d’une telle recherche pour les espèces dites « orphelines », et la « complémentarité » de gestion des « ressources génétiques » entre le in situ (dans le champ du paysan) et le ex situ (dans les banques).
Le changement de paradigme de la génétique est toutefois évoqué (p.107), reconnaissant qu’on est passé « du modèle « un gène – une protéine – une fonction », au modèle « un gène – plusieurs protéines – plusieurs fonctions par protéine » et qu’il est difficile « de donner une définition générale du gène ».
[1] Histoire de la génétique et de l’amélioration des plantes, André Gallais, Éditions Quae, 2018, 286 p., 25 euros