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INDE – Depuis cinq années, le rendement du coton Bt diminue !
« Le coton a été la plus grande “success story” de l’agriculture indienne depuis la révolution verte ». Ainsi commence un article paru dans la presse indienne [1], qui tente d’analyser les apports du coton Bt dans ce « succès ». Analyse compliquée, car les chiffres de rendements moyens disponibles depuis 2002 globalisent les cultures de coton non Bt et Bt, sachant que la part de coton Bt est passée « de 5,6% [du total des surfaces de coton] en 2004 à près de 90% en 2010 ». Alors, quand on constate que les rendements de coton sont passés de 302 kg/ha en 2002 à 554 kg/ha en 2007, on a du mal à savoir le rôle qu’a joué le coton Bt dans cette augmentation de rendement.
Là où l’analyse est par contre plus facile, c’est sur l’évolution des rendements entre 2007 et 2010 : ils ont décru progressivement de 554 kg/ha à 475 kg/ha, alors que le coton Bt devenait majoritaire. Keshav Kranthi, directeur de l’Institut indien Central de Recherche sur le Coton (CICR), constate donc le rôle pour le moins mitigé du coton Bt. Pour lui, le souci principal est celui que posent les insectes « suceurs de sève » comme les cicadelles et autres pucerons, mouches blanches ou encore thrips (Thysanoptères) retrouvés sur la majorité des cotons Bt. K. Kranthi considère que ces problèmes ne sont pas forcément liés au caractère Bt du coton mais plutôt à une mauvaise adaptation des variétés aux différents milieux paysans.
K. Kranthi constate également qu’en 2011, les agriculteurs ont dépensé autant qu’en 2002 en achat d’insecticides. Les entreprises objectent, à l’instar de KK Narayanan de Metahelix Life Sciences, que « ces insectes ont toujours été présents mais considérés comme mineurs. Maintenant qu’un système est efficace pour se débarrasser des insectes majeurs, les autres deviennent plus importants ». Un constat basique qui représente au mieux une explication mais non une remise en cause de l’observation de Kranthi : l’utilisation d’insecticides est revenue au même niveau qu’au début des cultures de PGM du fait de ces nouveaux parasites, quantités auxquelles s’ajoutent les quantités de protéines insecticides produites par le coton Bt lui-même !
Conséquence de ces revers ? En 2011, la part du coton Bt par rapport aux surfaces totales de coton a diminué de 5% (85%, contre 90% en 2010, avec 9,4 millions d’hectares de coton Bt sur les 11,1 millions d’ha cultivés en coton).