Projet de loi OGM : Dominique VOYNET répond à Christian VELOT
Bonsoir,
Je viens de lire ton long message, désabusé quant au fonctionnement du Sénat. Pour ma part, je ne suis pas mécontente que tu aies pu constater par toi-même la façon dont ça se passe. Même s’il y a aussi des gens qui font correctement leur boulot, à gauche et même… à droite. Tu as été choqué de constater qu’il y avait peu de sénateurs dans l’hémicycle. Certains ne sont jamais là (et ils ne sont guère respectés par ceux qui font leur boulot), d’autres cumulent ou ne viennent qu’une semaine sur deux ou trois (ceux des DOM/TOM). Mais la plupart sont présents, et plus actifs qu’on ne le dit (même les Pasqua et autres Dassault, hélas…). Seuls sont généralement présents en séance publique les membres de la commission qui a examiné et amendé le projet de loi, article par article, ligne à ligne. Pendant que la séance se tient, il y a plein d’autres réunions, examinant des projets de loi inscrits au programme de travail des autres commissions, et des auditions, et des commissions d’enquête, et des groupes de travail… Ainsi hier, je devais être à dix heures en commission des affaires étrangères (pour une audition du chef d’état-major des armées sur la présence française en Afrique subsaharienne). Puis j’ai reçu les élus du conseil général de Seine-St-Denis (dont le budget explose en raison de l’augmentation de « bénéficiaires » du RMI). Je suis ensuite allée à la réunion de la mission sénatoriale sur la politique de la ville et les quartiers en difficulté. Puis j’ai rédigé une question au gouvernement sur un projet d’exploitation d’une mine d’or en Guyane, j’ai envoyé un message de soutien aux élus mobilisés contre la construction d’un incinérateur d’ordures ménagères à Fos sur Mer. Sans oublier la réponse à la demande de France Nature Environnement sur la gouvernance du secteur nucléaire. Pendant ce temps, il y a des lycées occupés dans mon département (j’imagine que d’autres militants d’Attac se demanderont ce que je pouvais bien faire de si important au Sénat, qui justifie que je ne sois pas « sur le terrain ») et des sans papiers raccompagnés à la frontière (les démarches auprès des préfets sont hélas de plus en plus souvent inefficaces…). Tu noteras que je ne me plains pas : j’explique.
Concernant les Verts, tu ne le sais peut-être pas, mais nous ne sommes que quatre, pour couvrir le programme de travail des six commissions. Nous n’avons personne à la commission des affaires sociales. Ca ne m’a pas empêchée de passer des jours et des nuits en séance pendant l’examen du projet sur « l’égalité » des chances. Hélas, c’étaient les vacances scolaires et il n’y avait pas grand monde dans les tribunes ! Nous avons quand même tenu dix jours (et presque autant de nuits !) et ça a peut-être permis d’attendre que les jeunes se mobilisent.
Tu l’auras compris, comme la tâche est lourde, nous essayons de nous répartir intelligemment le suivi des principaux textes. Ainsi, pour les Verts, c’est Jean Desessard qui a été chargé de suivre le projet de loi sur les OGM, et qui s’est vu accorder un temps de parole dans le débat. Mais comme je me suis bien débattue, j’ai fini par obtenir 6 minutes de temps de parole, qui m’ont été confirmées… vers 13 heures mardi ! Je me suis donc enfermée dans mon bureau, après le « pique-nique » anti OGM » dans le jardin du Luxembourg, pour rédiger mon intervention, avec un oeil sur la télé interne. Ca m’a permis d’écouter le ministre et le rapporteur. Et de leur répondre d’une façon assez directe.
Ci-joint mon intervention, qui a été appréciée par la Confédération paysanne et Greenpeace. Mais pas par toi puisque, si j’ai tout compris, tu avais jeté l’éponge à ce moment là. Pour faire bonne mesure, je te joins aussi une partie de mes interventions sur le projet de loi sur la transparence nucléaire. La loi qui a été votée dans l’indifférence générale aurait, elle aussi, mérité une mobilisation des réseauxmilitants…
A ta disposition si tu souhaites poursuivre cet échange. J’espère que tu voudras bien relayer ma réaction aux membres de ton réseau ? Je veux bien prendre des coups quand je fais des conneries (ça m’arrive aussi) mais pas quand
Dominique Voynet