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2015 : les OGM abandonnés en Roumanie
En 2015, le maïs génétiquement modifié MON810 n’a plus la cote en Roumanie. Deux hectares et demi seulement ont été cultivés avec cette plante génétiquement modifiée (contre 770 hectares en 2014)… C’est une première historique. La Roumanie a en effet été, avant son entrée dans l’Union européenne, un pays qui a accueilli plus de 140 000 hectares de soja transgénique tolérant le glyphosate en 2006. Mais ce soja RR n’étant pas autorisé par la législation européenne, la Roumanie a dû arrêter cette culture à son entrée dans la Communauté européenne en 2007. Elle pouvait néanmoins cultiver, comme l’Espagne, du maïs transgénique MON810 produisant un insecticide contre la pyrale. Ce qu’elle a fait.
En Roumanie, comme nous l’avons déjà écrit [1], les relations entre le ministère de l’Agriculture et les entreprises de biotechnologies, comme Monsanto ou Syngenta, ont toujours été des plus cordiales. Ainsi, deux ministres de l’Agriculture sont d’anciens salariés de Monsanto : Valeriu Tabara a travaillé comme directeur de projets de recherche et Stelian Fuia était un directeur du marketing pour Monsanto Europe. D’après l’association roumaine Eco Ruralis, quand Monsanto s’est rendu compte que les agriculteurs se détournaient de ses semences, elle s’est mise à en offrir gratuitement, et cela dès 2012, comme en témoignent des documents de Monsanto qu’Eco Ruralis a rendu publics récemment (voir fac-similé en fin d’article). Mais cette stratégie n’a pas fonctionné. En effet, cette année aucun agriculteur n’a cultivé ce maïs MON810 et les deux hectares et demi emblavés avec cette variété l’ont été dans une station de recherche du nord-est du pays, à Neamt. Le peu d’attrait des agriculteurs pour le maïs GM vient, en partie, de sa faible productivité. Les variétés conventionnelles disponibles ont des rendements plus intéressants.
Si les agriculteurs roumains se détournent de la seule variété autorisée à la culture commerciale, le pays continue cependant de mener des essais en champs. En 2015, la Roumanie a permis d’expérimenter non seulement du maïs GM mais aussi des pruniers transgéniques. Or, rappelons-le, la Roumanie est un des centres d’origine du prunier, où de très nombreuses variétés sauvages ou cultivées existent [2].
Maïs GM en baisse aussi en République tchèque et en Slovaquie
Sur les quatre autres pays qui cultivaient du maïs MON810 dans l’UE en 2014, nous avons réussi à obtenir les surfaces pour 2015 en République tchèque et en Slovaquie. Dans ces deux pays, la tendance observée en Roumanie se confirme. En effet, la surface a été divisée par quatre en Slovaquie, passant de 411 hectares à 104,07 hectares et par presque deux en République tchèque, passant de 1754 hectares à 997 hectares. Dans ce pays, le ministère de l’Agriculture nous précise que le nombre de transgéniculteurs a fortement diminué : ils ne sont plus que 11 à avoir acheté des semences de Monsanto (contre 18 en 2014). Au final, le maïs MON810 ne représente que 0,30% de la sole tchèque de maïs.
[1] , « ROUMANIE – OGM : un ex de Monsanto, ministre de l’Agriculture », Inf’OGM, 14 février 2012
[2] ,
, « Les tribulations de pruniers transgéniques en Roumanie », Inf’OGM, mars 2006