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Riz doré : l’Arlésienne ?
Récemment, plusieurs articles ont annoncé la venue du riz doré aux Philippines pour 2011. Le riz doré a été génétiquement modifié par une équipe de chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich en janvier 2000 et a aussitôt été présenté comme le premier OGM destiné à lutter concrètement contre la malnutrition dans les pays en développement. Ce riz devait permettre de réduire, voire d’éliminer, les carences alimentaires en vitamine A responsables, entre autres, de problèmes de cécité. Une campagne de presse internationale en a vanté les mérites, et a promis qu’il serait alors vite cultivé. Mais déjà l’IRRI, l’institut international de recherches sur le riz, ne prévoyait pas de culture avant 2003…
En 2005, dans un communiqué de presse, intitulé Le riz doré, un échec cuisant !, Greenpeace soutenait « que ce produit transgénique est un échec technique, et qu’il ne viendra pas à bout de la malnutrition. Plus grave encore, sa mise au point accapare inutilement des fonds tout en détournant l’attention des vraies solutions qui permettraient de lutter contre la déficience en vitamine A« . Et Greenpeace précisait que « la publication originelle qui traitait du Riz doré ne décrivait ni entièrement, ni exactement le type de provitamine A présente dans ce Riz doré. En fait, la quantité de béta-carotène présente y avait été significativement surestimée. Le problème majeur est qu’à l’heure actuelle les scientifiques ne comprennent pas comment le riz transgénique fabrique son béta-carotène« .
Ce qui n’empêche pas, régulièrement, que des annonces de commercialisation de ce riz reviennent dans les média. A suivre…
Des problèmes créés par la Révolution verte…
Les OGM sont présentés par leurs promoteurs comme une « Révolution doublement verte » et le riz doré est, à ce titre, un exemple. Or, d’après l’association Grain [1], la Révolution verte est responsable d’une appauvrissement du régime alimentaire des populations du Sud : « aujourd’hui, plus de deux milliards de personnes ont un régime alimentaire moins varié qu’il ne l’était il y a trente ans, avec pour conséquence des carences en micro-nutriments, surtout en fer, en vitamine A, en iode, en zinc et en sélénium« . D’après une étude réalisée en République de Corée sur des familles d’agriculteurs, « sur 143 espèces cultivées dans les jardins familiaux en 1985, seules environ 26% étaient encore cultivées en 1993. Ces résultats sont inquiétants car les jardins familiaux sont traditionnellement importants non seulement parce qu’ils contribuent à perpétuer certaines espèces, surtout de légumes, mais aussi parce qu’ils représentent une source importante de vitamines et de minéraux« . Grain conclut donc « qu’avec la Révolution Verte, on a préféré la quantité à la qualité du régime alimentaire, surtout parmi les populations pauvres. Même l’Institut International de Recherche sur le Riz (IRRI) reconnaît que la Révolution Verte est, en fait, certainement responsable de l’augmentation de la carence en micro-nutriments chez les pauvres. Comme l’IRRI ne peut pas compter sur le modèle de la Révolution Verte pour apporter une solution à ce problème, il se tourne vers le génie génétique pour se sortir de la situation qu’il a lui-même provoquée« .