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L’herbicide Roundup perturbe l’action de certaines hormones humaines

Par Eric MEUNIER

Publié le 31/07/2009, modifié le 27/02/2025

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A l’heure actuelle, environ 70% des plantes transgéniques sont tolérantes à l’herbicide total Roundup, ce dernier étant donc utilisé massivement pour traiter les champs de PGM. Or, le temps passe et les études scientifiques s’accumulent quant aux effets toxiques de cet herbicide, produit phare de l’entreprise Monsanto [1]. Dans une récente étude, l’équipe du Pr. Gilles-Eric Séralini de l’Université de Caen montre que cet herbicide a un impact sur l’action de certaines hormones chez l’homme et la femme [2]. Après avoir exposé des cellules humaines à différentes doses de formules de Roundup commercialisées (mélanges de glyphosate – le principe actif de l’herbicide – avec d’autres adjuvants) et de glyphosate seul, les scientifiques ont observé dans le détail des changements au niveau des récepteurs d’androgène (hormone intervenant dans le développement des caractères masculins), des récepteurs d’œstrogène (hormone sexuelle chez la femme) et enfin, des dommages sur l’ADN contenu dans les cellules. Ces résultats conduisent les auteurs de l’étude à demander que soit revue « au niveau réglementaire la classification du Roundup et autres herbicides à base de glyphosate, comme étant toxiques pour la reproduction et perturbateurs endocriniens » [3]. Ces scientifiques rappellent d’ailleurs que ce type de résultat n’a jusqu’à maintenant pas été mis en évidence car la toxicité de l’herbicide Roundup était étudiée en s’intéressant au principe actif seul, le glyphosate, et non à la toxicité de l’herbicide tel que vendu dans le commerce, à savoir le glyphosate et ses adjuvants.

Cette étude n’est pas la première du genre. Déjà en 2005, l’équipe du Pr. Séralini montrait que le glyphosate avait un effet toxique sur des cellules du placenta humain à des concentrations de glyphosate inférieures à celles utilisées en agriculture [4]. Puis en janvier 2009, une étude de la même équipe montrait des effets sur des cellules de cordon ombilical, de reins, d’embryons ou encore de placentas humains à différentes doses, non de glyphosate seul mais de formules de Roundup ou de chacun des constituants de cet herbicide [5]. Enfin, en mai 2009, une étude argentine du laboratoire d’Embryologie Moléculaire du Conicet-UBA (Faculté de Médecine) montrait que le glyphosate entraînait des malformations dans la morphologie des embryons d’amphibie [6].

Notons que l’étude du Pr. Séralini réalisée en janvier 2009 a conduit 250 organisations environnementales, de santé et agricoles à adresser une pétition à l’Agence états-uniennes de Protection de l’Environnement (EPA) demandant le changement de l’évaluation des herbicides, en intégrant notamment l’étude des principes actifs avec leurs adjuvants [7]. La réponse de l’agence est attendue pour l’automne 2009.

[2« Glyphosate-based herbicides are toxic and endocrine disruptors in human cell lines », Gasnier et al., Toxicology, 2009, 17 juin.

[3Criigen, 2 juillet 2009, http://www.criigen.org/content/view…

[7« Weed-whacking herbicide proves deadly to human cells », Gammon et al., Scientific American, 23 juin 2009, http://www.scientificamerican.com/a…

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