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Le « super sorgho » (transgénique) critiqué par un chercheur de l’Inra
Le « super sorgho » [1] est un sorgho qui, par rapport au sorgho conventionnel, sera rendu plus digeste, et contiendra des concentrations plus importantes en vitamines A et E, en fer, en zinc et en acides aminés essentiels. Doté d’un budget de 17 millions de dollars, ce projet de « super sorgho » mobilise neuf partenaires dont le Council for Scientific and Industrial Research (CSIR). Cette initiative est soutenue par la fondation Bill & Melinda Gates, le Wellcome Trust et l’institut canadien de santé publique.
Les travaux seront menés par l’Africa Harvest Biotech Foundation International, basé au Kenya, institut dirigé par Florence Wambugu, une scientifique kényane proche de Monsanto. Ambassadrice des OGM, elle a pu, grâce aux contacts de cette entreprise, écrire dans de très nombreuses revues, dont les plus grandes revues scientifiques comme Science ou Nature. Auparavant, cette VRP des OGM annonçait la mise au point de patates douces résistantes à un virus, permettant de doubler le rendement, projet qui n’a pas encore abouti, malgré d’énormes sommes investies [2]
Plus récemment, un autre projet de modification du sorgho, lui aussi soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates (dans le cadre du « Grand Challenges for Global Health »), et intitulé ABS (Africa Biofortified Sorghum), vise aussi à améliorer les qualités nutritionnelles et de digestibilité des grains de sorgho. Dans le cadre de ce projet, en 2009, le CSIR et l’entreprise Pioneer Hi-Bred ont déposé conjointement deux demandes de brevets qui visent à améliorer les procédés de transformation génétique du sorgho [3]. Ces nouvelles méthodes permettent une meilleure compréhension du cycle cellulaire du sorgho et une amélioration dans l’utilisation d’Agrobacterium tumefaciens (transfert de gènes).
Suite à cette nouvelle annonce d’une nouvelle plante « miracle », Pascal Denoroy, chercheur à l’Inra de Bordeaux, précisait dans une revue en ligne [4] qu’ « il faut ajouter que la qualité d’un aliment n’est pas qu’une question de génétique. La génétique définit un potentiel de qualité, mais les conditions dans lesquelles la plante a poussé jouent également un grand rôle car elles conditionnent la réalisation du potentiel. Ainsi, un génotype « potentiellement enrichi en zinc » ne fera rien de mieux qu’un autre dans des conditions de sol carencé. Idem pour la richesse en protéines et le statut de nutrition azotée des plantes. Tout ceci recouvre « l’interaction génotype-milieu » autrefois bien connue des sélectionneurs (aujourd’hui, occultée par le discours quelque peu malhonnête sur des variétés miracle). Cela débouche sur l’agronomie, « mode d’emploi » des cultures ». Il précise aussi que « le mot de « malhonnêteté » dans mon texte peut sembler trop dur, mais ce n’est vraiment pas honnête que de laisser croire qu’on pourra faire pousser des plantes sans leur donner de quoi répondre à leurs besoins de croissance ».
[3] http://www.bulletins-electroniques….
Dr Rachel K Chikwamba (rchikwamba@csir.co.za)
[4] « Du côté du web et de l'i… contact : denoroy@bordeaux.inra.fr