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Innocuité sanitaire des OGM – Séralini et Zhu : deux poids, deux mesures !

Par Eric MEUNIER

Publié le 27/01/2014

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En janvier 2013, la revue Food and Chemical Toxicology publiait un article de Zhu et al. [1] affirmant qu’un « maïs transgénique modifié pour résister aux herbicides à base de glyphosate est aussi sain et nutritionnel qu’un maïs conventionnel » [2]. Pour appuyer cette conclusion, l’équipe chinoise a mené une analyse de toxicologie sur des rats pendant treize semaines. Les chercheurs ont effectué différentes analyses de poids, de paramètres biochimiques et de microscopie électronique pour « détecter de potentiels impacts de ce maïs GM sur des rats ».

Le numéro précédent de cette même revue avait publié une étude réalisée par l’équipe du professeur Gilles-Eric Séralini qui, elle, concluait à des risques toxicologiques du maïs GM NK603. G.-E. Séralini avait utilisé la même race de rats, à savoir des Sprague-Dawley, mais les avait nourris pendant deux ans, soit durant leur vie entière. Cette étude a d’abord été l’objet de vives critiques et, un an plus tard, en décembre 2013, la revue Food and Chemical Toxicology décidait de retirer cette publication. Argument avancé : les données présentées ne permettaient pas d’aboutir à une conclusion fondée [3].

Le Groupe International d’Études Transdisciplinaires (GIET), présidé par le Dr. Frédéric Jacquemart (également Président d’Inf’OGM), dans un courrier du 13 décembre 2013 à la revue Food and Chemical Toxicology, a fait état de « sérieux doutes » quant à l’étude de Zhu. Le GIET a précisé au rédacteur en chef de la revue, le Dr. Hayes, que les conclusions de cette étude n’étaient pas justifiées par les analyses conduites. En effet, le GIET a mis en évidence, dans l’article scientifique lui-même, l’absence d’information sur la puissance statistique de l’étude menée. En clair, il est impossible de savoir si l’étude a été construite de manière à pouvoir voir quelque chose ou non ! L’assertion d’innocuité du maïs GM est donc, en l’état, scientifiquement infondée. Le GIET souligne également que la conclusion de l’article établit une équivalence entre le maïs transgénique et le maïs conventionnel, alors qu’aucune analyse d’équivalence, analyse indispensable pour porter une telle conclusion, n’a été réalisée.

Ainsi, pour le GIET, et au-delà du protocole mis en place par les scientifiques, si l’étude de G.-E. Séralini doit être retirée car les données fournies ne permettraient pas d’appuyer la conclusion présentée, il en est exactement de même pour celle de Zhu et ses collègues.

Le 22 janvier 2014, Frédéric Jacquemart a reçu une réponse négative de Food and Chemical Toxicology qui lui explique qu’aucune action ne sera prise concernant l’article scientifique de Zhu et al. La revue considère donc que les données fournies par l’équipe de recherche du Pr. Zhu permettent d’aboutir à la conclusion fondée qu’un maïs transgénique est aussi sain et nutritionnel qu’un maïs conventionnel et que les deux sont équivalents. Et ce, alors même qu’il n’est pas possible, en lisant l’article, de savoir si l’étude de toxicologie a été construite de manière à pouvoir voir quelque chose ou non, et qu’aucune analyse d’équivalence n’a été conduite ! De là à ce que certains voient là une approche de « deux poids, deux mesures », il n’y a pas loin…

[1« A 90-day feeding study of glyphosate-tolerant maize with the G2-aroA gene in Sprague-Dawley rats », Zhu et al., Food and Chemical Toxicology 51 (2013) 280–287

[2traduction de l’auteur

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