Purin d’ortie : préparation facile
Le purin d’ortie est un allié ancestral du paysan, du jardinier… et des plantes. Il a une action insectifuge et fongicide en préventif, stimule la croissance des plantes, renforce leur système immunitaire et leur permet de mieux assimiler les éléments du sol. Cette fiche pratique nous décrit comment le préparer et l’appliquer.
Le vrai nom du purin d’ortie est « extrait fermenté d’orties ». Il s’agit d’une préparation simple, accessible à tous, qui ne demande aucun savoir mais un peu de minutie. En effet, si la recette n’est pas suivie précisément, vous risquez de vous retrouver avec de l’ortie en putréfaction et non fermentée.
Le broyage
La première étape consiste à broyer ou couper (aux ciseaux) finement les plantes en morceaux. Le broyeur de jardin ou la tondeuse (avec bac récupérateur) font parfaitement le travail. Plus la plante est coupée fine ou hachée menue, mieux elle restitue rapidement et de manière homogène les éléments qui vont constituer la qualité de l’extrait. Cette étape est primordiale dans la réussite « d’un bon purin ». Les feuilles, par nature, sont plus fines que les tiges, elles se dégradent plus vite. Comme les tiges recèlent des propriétés intéressantes, elles doivent libérer leurs substances dans un laps de temps qui correspond à celui des feuilles. Et de façon pragmatique, plus le mélange est fin, plus il est facile à mélanger.
La réalisation
Il s’agit ensuite de mélanger ces plantes avec de l’eau : un kilo d’ortie fraîches (ou 150 g d’ortie sèche) pour dix litres d’eau dans un récipient en plastique ou en bois qui peut être couvert ou non, les deux écoles n’étant pas encore départagées. Il faut éviter le métal… car il rouillera au contact du purin. On utilise de l’eau de pluie ou de l’eau de source (15°C minimum). Pour l’eau de ville, il est conseillé de la soutirer la veille pour que les agents de conservation (chlore, ozone) s’évaporent. L’eau utilisée pour la préparation de ces solutions ne doit être ni trop acide, ni trop alcaline (calcaire), soit un pH compris entre 5 et 8. Un purin en pulvérisation foliaire fonctionne mieux s’il est légèrement acide. Si la solution est trop acide (pH<5), ajouter de la cendre de bois et si la solution est trop alcaline (pH>7,5), notamment pour les eaux calcaires, ajouter du vinaigre d’alcool (environ 1cl de vinaigre par litre d’eau pour faire baisser d’une unité le pH).
La température est importante. Ce mélange doit être placé dans un lieu tempéré, à 15°C. Les fermentations sont généralement stoppées en dessous de 10 à 12°C et au-dessus de 30°C. Pour être précis, à cette température, la fermentation continue mais elle s’accompagne d’autres phénomènes biologiques préjudiciables à la réalisation de purin. Si des bulles apparaissent, c’est que la fermentation a commencé. Au-dessus de 20°C, se forme en surface une mousse, signe d’une intense activité microbienne. Le mélange doit être remué au moins une fois par jour. La fermentation est terminée lorsque les extraits de plante coulent, qu’une pellicule blanchâtre apparaît et que les bulles disparaissent. Un extrait doit se faire en quelques jours (de 5 jours si la température est de 22-25°C à 15 jours si elle descend à 16-18°C), au-delà, on s’approche de la putréfaction. Ce temps sera réduit en cas de forte chaleur et au contraire allongé par temps froid. La fermentation est terminée quand le phénomène « tapis de bulles » disparaît.
La filtration
Une simple toile de drap, épaisse pour une filtration fine si l’on choisit la pulvérisation par la suite, placée dans l’entonnoir posé sur la bouteille ou le bidon, suffit. On verse doucement : la préparation est épaisse et généralement boueuse. Elle colmate rapidement le tissu que l’on va rincer avant de reprendre l’opération. Cette opération peut être longue. Pour des quantités plus conséquentes, on utilise un tamis (70/80 microns pour les pulvérisations).
Conservation et stockage
Il faut toujours filtrer avant de stocker car la possibilité de refermentation en bidon est possible… Quelle que soit la grandeur de la bouteille ou du bidon, il est indispensable que le récipient soit bien plein et fermé hermétiquement. Le produit doit en effet être conservé à l’abri de la lumière, de l’air et de la chaleur. Il vaut mieux remplir plusieurs petits récipients que vous utiliserez en une seule fois qu’un seul grand bocal qui, une fois ouvert, laissera entrer l’air, ce qui altérera le produit. En cas de refermentation (qui peut se produire même si le produit est stocké dans de bonnes conditions), il suffit d’ouvrir le bidon, de laisser les gaz s’échapper et de refermer.
Application
L’Aspro PNPP [1] précise que « le purin n’est pas un désherbant ni un engrais. Par contre, il aide la plante à mieux assimiler les éléments disponibles dans le support. Il peut avoir un effet insectifuge. Le purin ingéré par la plante, arrosage et goutte à goutte, n’a pas d’effet sur les auxiliaires qui eux ne sont attirés que par les parasites ». Il est important de diluer cette préparation à environ 5%. Il est aussi recommandé d’appliquer les purins le soir ou par temps couvert. Eric Petiot, formateur notamment sur les purins, nous précise qu’il ne faut pas dépasser deux traitements par mois en pulvérisation foliaire. Au-delà, on apporte trop d’acide aminé à la plante et on créé de l’appétence pour certains parasites. En arrosage, la fréquence varie entre cinq à huit traitements par mois. Précisons enfin que plus le sol est équilibré et riche en matière organique, moins les effets des purins sont visibles, et plus les apports peuvent être espacés.
La gestion des purins est évolutive. Des discussions entre producteurs et agriculteurs sont constantes et permettent de faire évoluer les pratiques. Ainsi, Jean-François Lyphout, producteur en Dordogne, préfère augmenter la fréquence des traitements – il apporte du purin à chaque arrosage, soit environ tous les deux jours – mais à un taux de dilution très faible (1 à 2%). En règle générale, les producteurs de purin mettent en garde contre les excès qui peuvent augmenter la sensibilité des plantes aux maladies ou aux parasites ; provoquer une mauvaise conservation des fruits, notamment si le purin est appliqué en fin de culture ; ou encore dégrader la qualité des semences. Il existe plusieurs façons d’utiliser les purins : en pulvérisation foliaire, en arrosage au pied ou en apport sur sol nu. Ainsi, par exemple, un producteur de rose utilise un mélange de purin d’ortie et de prêle en pulvérisation foliaire dans un but anti-fongique. Le purin riche en silice renforce les parois cellulaires des roses.
[1] , « Préparation Naturelles : les lobbys préoccupés ! … », Inf’OGM, 14 décembre 2016