La colère d’un écologue de combat
C’est le sous-titre du dernier ouvrage [1] de Serge Morand* qui porte sur la « chronique d’une pandémie annoncée ». Il travaille depuis de nombreuses années sur ces problématiques. L’apparition de la Covid-19 était pour lui tout, sauf une surprise. Sa démarche de recherche combine des analyses globales et des études locales, valorisant un pluralisme des approches disciplinaires scientifiques.
Cet écologue de la santé analyse les interactions entre les changements planétaires globaux – changement climatique et changement d’usage des terres – et la biodiversité, la santé et les sociétés. Les liens entre biodiversité, faune sauvage, élevage industriel, animaux domestiques, hommes et santé sont finement analysés et documentés.
À la fin de cet ouvrage passionnant, le lecteur aura une vision claire et non réfutable du rôle de la mondialisation dans l’apparition de nouvelles pandémies à un rythme de plus en plus rapide.
Dans une interview à propos de son livre, Serge Morand évoque « le monde d’après » en parlant de démondialisation de l’agriculture : « Le principal problème, c’est le chemin pris par l’agriculture. Il faut remettre l’agriculture et les agriculteurs au centre du système. C’est une illusion de croire que la technologie va toujours nous sauver ».
Il évoque aussi ce qu’il appelle son optimisme teinté de pessimisme ! « Je suis absolument émerveillé par les jeunes de nos sociétés. La génération actuelle au pouvoir est totalement irresponsable. Mais par contre, on a une nouvelle génération de jeunes que je trouve absolument fantastique qui finalement se pose des questions sur son futur. C’est ça qui me donne toute la force scientifique de continuer ».
[1] L’homme, la faune sauvage et la peste,
Éditions Fayard, 2020, 352p., 21,50 euros