Haïti : les paysans refusent les semences de Monsanto
A Haïti, après le séisme de 2010, le gouvernement a accepté une aide de Monsanto de plus 400 tonnes de semences. Malgré la situation d’urgence, et pour défendre la souveraineté alimentaire de l’île, une manifestation a réuni une dizaine de milliers de paysans pour dénoncer ce « cadeau empoisonné ».
Frédéric Apollin, de Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières, soulignait que « l’aide alimentaire internationale peut déstructurer la production locale. Si on importe trop et que les produits locaux ne sont pas incorporés rapidement à l’aide alimentaire et sont mis en concurrence directe avec des produits importés, ça va encore être un choc pour l’agriculture paysanne haïtienne. (…) Le riz américain a envahi le marché et est en concurrence directe avec le riz haïtien, les cuisses de poulet en provenance des États-Unis et qui sortent congelées des containers entrent directement en concurrence avec les volailles élevées ici. Elles ont même changé les habitudes alimentaires du pays ». Quant aux semences, Jean-Baptiste Chavannes, porte-parole du Mouvement Paysan Papaye, relatait alors que « la plate-forme des organisations paysannes [avait] acheté plus de 500 tonnes de semences que nous distribuons gratuitement, en priorité aux familles paysannes qui ont accueilli des déplacés du tremblement de terre ». Cette organisation avait aussi lancé un programme de construction de petits silos pour stocker les semences.
En 2016, Haïti a subi une importante nouvelle catastrophe naturelle : l’ouragan Matthew a ravagé l’agriculture, laissant les paysans dans une situation encore plus difficile. Jean-Baptiste Chavannes affirme à Inf’OGM qu’il craint « la répétition du même scénario auquel on a assisté en 2010. (…) Le risque est grand que certaines organisations ou entreprises, profitant de cette situation de crise, ne distribuent des semences commerciales, néfastes pour les semences paysannes, car hybrides ou OGM ».