OGM : nocifs pour la biodiversité ?
Publiés le 21 mars dans les annales de la Société anglaise Royale des Sciences (1), les résultats du dernier volet d’un vaste programme d’évaluation des impacts sur l’environnement de cultures de plantes transgéniques, lancé en 1999 et conduit par le Professeur C. Pollock, confirment ceux obtenus précédemment sur des espèces de printemps (betterave, maïs, colza). Les chercheurs ont, dans 65 champs différents, comparé du colza d’hiver transgénique et du colza traditionnel. La modification génétique conférait une tolérance au glufosinate, principe actif d’herbicide. Pendant quatre ans, les scientifiques ont collecté un million de grains et deux millions d’insectes en 7000 prélèvements. Dans les champs de culture transgénique, la quantité de dicotylédones, “mauvaises herbes”, représente un tiers de celle retrouvée en culture conventionnelle. Or, ces plantes produisent les graines les plus attrayantes pour plusieurs espèces d’oiseaux (alouettes, bouvreuils…), et des pollens appréciés des abeilles et papillons. Les chercheurs ont constaté que les champs “transgéniques” abritent moins d’abeilles et de papillons, et ils s’inquiètent d’un effet possible sur les oiseaux. En revanche, le colza transgénique requiert moins d’herbicide. Des résultats similaires mais plus nuancés à ceux constatés en 2003 pour le colza de printemps. Les graminées, cependant, sont plus nombreuses dans les champs OGM. Selon D. Bohan, l’un des auteurs de l’expérience, cette étude démontre donc l’importance des effets de l’utilisation d’herbicide sur la faune dans les champs et aux alentours. Selon A. Apoteker, chargé de campagne OGM chez Greenpeace, la distinction entre effet des OGM et effet des herbicides est hypocrite et artificielle, les effets de l’OGM lui-même sur les insectes, par exemple, n’ayant pas été étudiés. Selon Bayer, “ce que veut l’agriculteur, c’est un champ propre, avec moins de mauvaises herbes, et cette étude prouve bien que notre colza et son herbicide sont efficaces”. Le secrétaire d’Etat à l’Environnement, E. Morley, a décrit cette étude comme la plus importante jamais réalisée dans le monde et a rappelé la politique du gouvernement de délivrer au cas par cas les autorisations de cultures OGM. Le Comité consultatif anglais sur la dissémination des OGM dans l’environnement (ACRE) va fournir un avis au Ministre de l’environnement anglais sur les autorisations de commercialisations, notamment de colza transgénique.