OGM et l’homme nouveau
Un nouvel Adam vient de naître : Adam Nash conçu par ses parents avec l’aide de l’équipe du généticien Yuri Verlinsky de l’hôpital universitaire Fairview de Minneapolis. L’objectif pour les parents est de sauver leur premier enfant, Molly, atteinte d’une grave maladie génétique. Objectif louable, et acte d’amour, sans doute. On peut penser que le projet parental qui consiste à prévoir la naissance d’un second enfant pour donner un compagnon de jeu à son aîné, ou encore la non moins rare conception d’un enfant par pur égoïsme parental ne serait pas moins répréhensible
moralement. Et pourtant en mettant à l’origine de cette naissance une technique de tri génétique sélectif, on ne peut s’empêcher d’imaginer toutes les dérives eugénistes qui peuvent apparaître au nom des meilleures intentions du monde ou du simple confort parental. Le fait qu’un couple écossais menace de saisir la Cour européenne des droits de l’homme si les autorités éthiques britanniques s’obstinent à lui refuser de choisir le sexe du bébé illustre bien la difficulté de résister à de telles dérives. Tout ceci ne nous conduit-il pas à la recherche de l’homme nouveau génétiquement transformé ? Au-delà des questions récurrentes que pose l’agriculture transgénique, c’est bien à cette interrogation d’un nouvel eugénisme que conduit le problème des OGM et du brevetage du vivant. La révélation par Greenpeace d’une banalisation rampante de la reconnaissance par l’Office Européen des Brevets de droits de brevets sur le clonage des embryons humains, doit être mise en parallèle avec la naissance d’Adam, non pas pour « démoniser » comme le craint Axel Kahn mais bien pour faire réfléchir sur la nécessité de fixer des limites au génie de l’homme, au génie génétique. Sauf peut être à accepter le franchissement d’un point de non-retour dans le basculement du sens même de notre humanité qui depuis l’aube des temps renvoie à notre finitude…