Sans corne, et que des mâles
Par Christophe NOISETTE
Publié le 11/04/2018
Les vaches ont de moins en moins de cornes, soit du fait d’une sélection génétique (race Angus), soit du fait d’une action mécanique des éleveurs. Des chercheurs ont réussi à modifier génétiquement des vaches Holstein – en utilisant la technologie Talen ou Crispr – pour remplacer le gène responsable de la croissance des cornes par son allèle inactif.
Ces vaches sans corne sont « vendues » comme une avancée éthique, qui réduisent les nuisances dans les élevages intensifs. Mais pour améliorer le bien-être des animaux hors sol, faut-il mieux repenser leurs conditions d’élevage ou modifier génétiquement les animaux afin de mieux les adapter à celles-ci ? D’autant que pour l’association suisse de promotion de l’agriculture biologique, le Fibl, les cornes ont de nombreuses fonctions [1]. Pour Hans Oswald, éleveur, la corne confère par exemple tranquillité, paix intérieure et assurance à l’animal. Elles permettent aussi de connaître la santé de la vache : toujours selon Hans Oswald, des cornes massives à leur base et fines, voire effilochées à leur extrémité, sont le signe d’une carence en sels minéraux pendant la jeunesse de l’animal.
De son côté, Alison Van Eenennaam, de l’Université de Californie, cherche à modifier le génome des bovins pour n’avoir que des descendants mâles [2]. Ce projet, baptisé « Boys Only », bénéficie d’un financement du ministère de l’Agriculture, accordé officiellement pour stériliser les OGM afin que les modifications ne se propagent pas aux cousins sauvages. La chercheuse trouve que la réglementation est trop contraignante en « exigeant des études de sécurité coûteuses et complexes ». Elle souhaite donc que l’administration Trump allège ces règles. Donald Trump entend d’ailleurs « rationaliser les réglementations qui ont bloqué la biotechnologie de pointe ».
Pour Alain Ducos, vétérinaire, ces taureaux modifiés peuvent « concourir (avec de très bonnes chances) dans la catégorie des « innovations » les plus inutiles » car « si l’objectif est de ne faire produire à un taureau que des descendants mâles, on sait déjà faire depuis longtemps [en triant la semence] ».
