La recherche publique est-elle pro-OGM ?
Les éditions Quæ, fondées par quatre instituts de recherche publique, ont publié un livre rédigé en collaboration avec une association partisane, militante de la cause « OGM », l’Association française des biotechnologies végétales (AFBV). Les éditions Quæ précisent que « grâce à des collections comme Clés pour comprendre la communauté des chercheurs livre (…) des informations (…) scientifiquement irréprochables ». Étant donné la controverse sur ce sujet, il eut été pertinent de proposer à d’autres scientifiques, exprimant des avis divergents, de participer à son élaboration. En l’état, les éditions Quæ se font le porte-parole d’une vision étroite du débat sur les OGM et de la sélection variétale dont le but serait de produire des lignées pures ou des hybrides. Au-delà, ce livre passe sous silence un certain nombre d’inconvénients de l’agriculture industrielle. La question des adventices résistantes aux herbicides du fait de l’utilisation massive des PGM de type Roundup Ready est évacuée en une ligne. Et les auteurs affirment même que les objectifs des PGM « ne sont pas discordants avec ceux de l’agriculture biologique ». Ainsi, expliquent-ils, les variétés tolérantes aux herbicides (VrTH) permettent le semis sous couvert et le non-labour, ce qui est « cohérent » avec la bio. Or, nul besoin de VrTH pour pratiquer une telle agriculture, au contraire l’utilisation d’herbicides totaux a plutôt un impact négatif sur la faune du sol. De même, comme on lit que les maïs trangéniques tolérant la sécheresse « produisent [de] 6 à 15% de plus » que les variétés conventionnelles, nous invitons les auteurs à relire les propos du ministère étasunien : ces variétés « n’excèdent pas les variations naturelles observées avec des variétés conventionnelles de maïs adaptées régionalement » [1]. Ce livre égrène, du début à la fin, de nombreuses inexactitudes.
[1] ,
, « ETATS-UNIS – Autorisation d’un maïs GM tolérant la sécheresse », Inf’OGM, 28 mars 2012