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Origine de la Covid-19 : la fuite de laboratoire est la plus probable (partie 2)
Après avoir décrit les principales questions et les principaux acteurs (partie 1)i, nous allons pouvoir retracer la préhistoire de la Covid-19, puis son histoire, qui est, elle, plus médiatique.
Quelles recherches mène le WIV ?
On ne connaît de la recherche du laboratoire de virologie de Wuhan (WIV) que ce que les articles publiés en disent, car cette recherche est partiellement couverte par le secret militaire. En 2015, Shi et Baric ont publié un articleii pour prouver avoir génétiquement modifié un virus de SARS-CoV afin qu’il soit plus adapté aux humains et non aux chauves-souris. La technique qu’ils décrivent est un Gain de Fonction (GOF) et son produit est un OGM. On notera ici que l’éditeur de l’article a fait ajouter une mention postérieure : « nous sommes conscients que cet article sert de base à des théories non vérifiées selon lesquelles le nouveau coronavirus à l’origine du COVID-19 aurait été fabriqué. […] Les scientifiques pensent qu’un animal est la source la plus probable du coronavirus ». Le débat scientifique est en fait bien plus contrasté que ce qu’en dit l’éditeur. L’article reconnaît même que « les rapporteurs scientifiques peuvent considérer que des études similaires construisant des virus chimériques à partir de souches circulantes sont trop risquées pour être poursuivies ».
Chaque espèce a sur ses cellules des récepteurs, des sortes de serrures, qui peuvent être spécifiques à l’espèce. Ces récepteurs permettent aux virus qui présentent des molécules à leur surface, qui sont comme des sortes de clés, d’entrer dans ces cellules ou pas. Si la clé du virus est adaptée au récepteur de la cellule, il pourra infecter la cellule puis s’y multiplier. Souvent, un récepteur se trouve dans une espèce et pas dans une autre, impliquant que des virus soient virulents contre certaines espèces et pas contre d’autres. La différentiation en espèces protège donc certaines espèces. C’est le même argument que celui en défaveur des clones génétiques et des lignées normalisées dans les champs d’une agriculture industrielle. Parce qu’ils sont trop semblables, ils exposent le champ entier à une éradication. La différence protège.
En 2018, P. Daszak, Z. Shi et R. Baric ont proposé un projet (nommé DEFUSEiii et d’un montant de 14 millions de dollars) visant à insérer un site de furineiv dans la protéine de spicule (spike) du SARS-CoV. De quoi s’agit-il ? Si l’on reprend notre image de la « clé » et de la « serrure », la protéine de spicule possède une petite partie (RBD, pour Receptor Binding Domain en anglais) qui est en fait la « clé » du virus pour entrer dans la cellule. Mais le site de furine permet en plus au virus de mieux actionner l’ouverture de la cellule. Non seulement la « clé » (RBD) est adaptée à la « serrure » (récepteur), mais, en plus, elle tourne dans la « serrure » grâce au site de furine. En clair, le virus est dès lors beaucoup plus infectieux. C’est aussi un GOF. De telles recherches étaient interdites aux États-Unis et la demande de financement a donc été refuséev. En revanche, le WIV avait tout de même les moyens de mener ces expériences et EcoHealth Alliance de les financer. On ne saura peut-être jamais s’ils l’ont fait ou pas. Quoiqu’il en soit, il se trouve que le SARS-CoV2 de la Covid séquencé fin 2019 à Wuhan présente justement un tel site de furine et que dans la très grande famille des sarbécovirus, qui englobe les SARS, il est le seul à l’avoir.
Une version préliminaire du projet DEFUSE proposait que ce projet soit réalisé non pas dans la partie P4, mais dans la partie P2 du WIV pour que ce soit « très économique »vi. Pourtant, Baric avait souligné que « les chercheurs américains vont probablement piquer une crise » à cause de ses conditions de sécurité. Le même Baric écrivait à Daszak après le début de la pandémie : « je n’ai aucun doute qu’ils [les chercheurs du WIV] ont suivi les règles définies par l’État et qu’ils ont effectué le travail sous P2. Oui, la Chine a le droit de définir sa politique. Tu peux croire qu’il s’agissait d’un confinement [d’expérience] approprié si tu veux, mais n’attends pas de moi de le croire. De plus, n’insulte pas mon intelligence en essayant de me faire avaler ce ramassis de conneries »vii.
Les données génétiques suggèrent que le virus SARS-CoV2 n’a acquis ce site de furine que récemmentviii. Si les scientifiques de Wuhan ont publié le premier séquençage du virusix le 3 février 2020, il est à noter qu’ils n’ont pas mentionné ce site à cette occasion. Le même 3 février 2020, des chercheurs français et canadiens révélaient l’existence de ce site de furinex. D’autres scientifiques chinois ont soumis un article dès le 11 avril 2020 et publié le 6 mai en étudiant son rôlexi.
Une histoire de la pandémie de COVID-19
Le Wall Street Journal a révélé que plusieurs scientifiques de l’équipe du Dr Shi, dont l’un des scientifiques en charge du projet DEFUSE à Wuhan, sont tombés malades en novembre 2019 et présentaient des symptômes similaires à ceux de la COVIDxii. Cependant, quand cela a été révélé, ce dernier a nié avoir été maladexiii.
En février 2023, des élus républicains au Sénat étasunien ont souhaité créer un sous-comité pour investiguer l’origine du SARS-CoV2 de façon historique. Leur logique (très politique) était de prouver que la Chine en était la cause, bien sûr sans se demander si les États-Unis et ses laboratoires n’avaient pas financé ces recherches et formé les chercheurs chinois, ni si les laboratoires étasuniens ne menaient pas ou n’avaient pas déjà mené les mêmes recherches. Même si leur logique était biaisée contre la Chine et pour protéger les chercheurs et financements étasuniens, ils ont investigué, ce que d’autres refusaient de faire puisqu’ils défendaient « la Science » officielle. Le sous-comité a pu récupérer le contenu de certains ordinateurs du WIV par espionnage et a pu montrer que des membres du WIV étaient tombés malades, comme cela avait été rapporté par le Wall Street Journal et nié par les chercheurs chinoisxiv. Il a trouvé de nombreuses autres informations.
Daszak a affirmé devant ce comité qu’il ne connaissait pas l’existence de virus collectés après 2015 par le WIVxv et qu’il n’avait pas demandé au WIV s’il avait entamé les recherches d’insertion de site de furinexvi, alors même qu’il finançait ces travaux et devait donc en recevoir les comptes rendus. L’administration des États-Unis (sous la présidence Biden) n’a pas été totalement convaincue et a suspendu tout financement fédéral pour Daszak et son association EcoHealth Alliance.
Ce sous-comité a montré que, le 12 novembre 2019, des chercheurs du WIV ont adressé à leur autorité de tutelle chinoise un mémorandum en langage administratif très imagé. Celui-ci montrait qu’ils faisaient face à un très gros problème et qu’il fallait le résoudre : « ces virus arrivent sans ombre et partent sans trace »xvii. Le sous-comité a recruté Toy Reid, spécialiste de traduction du chinois. Il explique que le Parti communiste chinois s’est créé une langue (nommée pishi) qui est difficilement compréhensible, même pour un locuteur mandarin natif. Selon lui, la phrase qui vient d’être citée est bien le signe d’une grave faille.
Suite à ce mémorandum du 12 novembre 2019, Ji Changzheng, directeur de la sûreté et la sécurité technologique de l’Académie chinoise des sciences, se rend au WIV dès le 19 novembre pour « apporter les instructions orales et demandes écrites du gouvernement et du Comité central du Parti lié à la sécurité, et le besoin d’appliquer les instructions importantes de sécurité du Secrétaire général Xi Jinping et du Premier Ministre Li Keqiang ». Il « a présenté une analyse approfondie […] qui a révélé de manière frappante la situation complexe et grave dans laquelle se trouve actuellement votre travail en matière de [bio]sécurité »xviii. Les inspections sont annuelles et la dernière du WIV datait d’avril 2019. Pour la langue et la culture chinoise, la référence à Xi Jinping et à Li Keqiang traduisent un argument d’autorité très fort. Neuf autres inspections de sécurité n’utilisent pas ce ressort de communicationxix. Le jour même, le WIV lance un appel d’offre pour un incinérateur d’air qui tue tout organisme d’un air qu’on veut rendre sans germexx. C’est un palliatif aux conditions normales de sécurité (HEPA), qui ne fonctionnent pas.
À la recherche du patient zéro…
Les informations montrent les contradictions entre les quelques vérités et les discours des États. Nous ne connaissons pas la vérité.
Le premier cas documenté par le gouvernement chinois d’un patient atteint de la COVID-19 est un habitant de la province de Hubei (dans laquelle se trouve Wuhan, sans qu’on en sache plus sur la localisation exacte), qui l’aurait contracté le 17 novembre 2019xxi. Pourtant, dès la mi-octobre, le consulat étasunien de Wuhan savait que la ville avait été frappée par une grippe saisonnière exceptionnellement virulentexxii. Était-ce la COVID-19 ?
En France, 13 patients français sur lesquels des prélèvements avaient été réalisés pendant la semaine du 4 novembre 2019 de façon routinière étaient porteur du virusxxiii. Les premiers cas français seraient donc antérieurs aux premiers cas chinois déclarés !
En Italie, les chercheurs de l’Istituto Superiore di Sanità (Institut national de la santé) ont analysé des prélèvements d’eaux usées. Ils y ont trouvé des SARS-CoV2 à Milan et Turin à partir du 18 décembre 2019xxiv. D’autres chercheurs italiens ont analysé des prélèvements de sang faits entre septembre 2019 et mars 2020. Ils ont trouvé des anticorps associé à la « clé » (RBD) du SARS-CoV2 chez des patients dès le 3 septembre 2019 dans la région de Venise, dès le 4 en Émilie-Romagne et dès le 5 en Liguriexxv. Cette mesure est fiable et on peut considérer que le virus circulait en Italie dès le début septembre. Pourtant, les deux premiers patients italiens reconnus officiellement ont été enregistrés le 30 janvier 2020. Il s’agissait de deux touristes qui revenaient de Chine.
Le premier cas étasunien déclaré revenait, le 15 janvier 2020, de Wuhan, où il n’avait pas fréquenté le marché aux animaux. Il a développé une toux caractéristique dès le 15 et consulté l’hôpital le 19 janvier. Il avait le SARS-CoV2 (attesté par test PCR) et a survécuxxvi.
Il résulte de l’absence de repérage et de signalement de la maladie, par la Chine, mais aussi par les autres États, qu’on a estimé que la maladie se développait très vite, alors qu’elle était présente depuis quelque temps déjà.
… qu’aucun État ne veut identifier
Le laboratoire militaire de Fort Detrick (Maryland, États-Unis) avait été fermé en 2009, car il stockait des virus non mentionnés dans sa base de données. Le 5 août 2019, il a encore été fermé par l’Institut médical de l’armée pour les recherches sur les maladies infectieuses (NIAID), parce qu’il n’avait pas « des systèmes suffisants en place pour décontaminer les eaux usées »xxvii. Le problème remontait à mai 2018. Or, une maladie nommée EVALI, se manifestant par une détresse respiratoire, s’est développée dans ses alentours, mais aussi dans de nombreux États étasuniens, et ce depuis 2012. On a d’abord pensé que cette maladie était la COVID-19, mais la cause a ensuite été trouvée : c’est un ingrédient de cannabis (THC) dans des huiles de vapotage qui en est à l’originexxviii. Dès suppression de cet ingrédient, les symptômes disparaissaient. Cette maladie n’est pas transmissible. EVALI n’est donc pas la COVID.
Des porte-paroles du gouvernement chinois ont cité Larry Romanoff, censé être un grand scientifique étasunien (alors qu’il est canadien) enseignant à Fudan (où on ne l’y retrouve pas), afin d’accuser le laboratoire de Fort Detrick d’une fuite de laboratoire. En fait, Larry Romanoff n’est qu’un propagandiste reproduisant les méthodes de l’URSS (projet INFEKTION ou Denver des soviétiques pour affirmer que ce même laboratoire de Fort Detrick était la cause du virus VIHxxix). Il est bien décrit dans un documentaire de France Télévision analysé par Paul Charon, qui montre qu’il a menti plusieurs foisxxx. Cette piste ne nous semble pas solide.
En octobre 2019, des jeux sportifs entre militaires de différents pays étaient organisés à Wuhan. Des membres de la délégation étasunienne ont été malades avec des toux suspectes. Était-ce une maladie apparemment liée à un ingrédient des liquides de vapotagexxxi, la COVID que les militaires étasuniens importaient en Chine à partir de Fort Detrick ou la COVID que les chinois auraient transmise aux militaires des autres pays ? Des porte-paroles chinois ont cité un journaliste, George Webb, qui soutenait la seconde thèse. Des journaux étasuniens ont alors défendu leur pays en expliquant que « les médias d’État chinois citent un théoricien américain du complot pour affirmer que le coronavirus a été introduit en Chine par un athlète militaire américain »xxxii. Clairement, les journalistes ont une préférence nationale, utilisent l’accusation de complotisme pour décrédibiliser une personne et la Chine qui le cite. Les deux camps se dispensent d’énoncer des arguments. Cependant, George Webb n’apporte aucun argument solide sur ces jeux militaires. En particulier, aucun militaire n’a été diagnostiqué ayant ou ayant eu la COVID-19. On peut même penser que les militaires savent si leurs troupes ont eu la COVID. Que cache le fait qu’ils ne le disent pas ? Un enquêteur du Département d’État des États-Unis, David Asher, affirme aussi cette hypothèse est certaine selon ses sources… qu’il ne donne pasxxxiii. Logiquement, la Chine demande « de quand date le patient zéro aux États-Unis ? Combien de personnes sont infectées ? Dans quels hôpitaux ? Cela pourrait être l’armée américaine qui a amené cette épidémie à Wuhan. Soyez transparents ! Rendez vos données publiques ! Les États-Unis nous doivent une explication ! »xxxiv. Les médias sont l’outil pour que les États ne se répondent pas et s’invectivent. Un article du Mondexxxv reprend toute cette piste et conclut que des États auraient à gagner en déclarant que leurs militaires avaient cette maladie en revenant de Wuhan. Ils seraient alors des victimes. Pourquoi aucun État n’a annoncé quoi que ce soit ? Ni les États-Unis, ni la Chine.
Puisqu’il existe des malades en Italie dès le 3 septembre 2019, ces pistes ne sont probablement pas suffisantes. De plus, il a été relevé que certains échantillons chinois des premiers cas avaient été détruitsxxxvi. La Chine avait identifié 260 cas en décembre 2019, mais n’en a rapporté que 174, qui étaient liés au marché aux animaux, à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2021xxxvii. Pourquoi ne rapporter que les cas liés au marché aux animaux, sauf à vouloir faire pencher l’interprétation de l’origine de la COVID vers lui ?
L’apparition des premiers cas est attestée dès début décembre 2019 par l’OMS, « cependant, ces cas n’avaient aucun lien direct avec le marché aux animaux de Wuhanet ils auraient pu être infectés en novembre par des cas non détectés du marché aux animaux »xxxviii. Donc, si des cas n’entrent pas dans la grille de lecture de l’OMS pour une zoonose provenant du marché de Wuhan, elle ne les rapporte pas. C’est une énorme erreur statistique. L’OMS requiert que ses membres (dont la Chine) signalent dans les 24 heures toute information à portée internationale (art. 6) et fournissent toute information pour la santé publique (art. 7). Pourtant, dès le 30 décembre 2019, des médecins de Wuhan alertaient sur une épidémie en cours. Le Dr Li Wenliang faisait partie des lanceurs d’alerte chinois. Il est mort quelques semaines plus tard de la COVID. Avant son décès, il avait été arrêté pour avoir déclaré les cas observés dans son hôpitalxxxix. La journaliste Zhang Zhan a dit que « sans la vérité, rien n’a de sens »xl. Elle a été emprisonnée pendant quatre ans. Il y a donc eu d’autres lanceurs d’alerte en Chine, en plus de Li Wenliang.
Le 30 décembre 2019, à 15h10, la Commission municipale de la santé de Wuhan a émis un « avis urgent » aux établissements de santé pour qu’ils surveillent les cas de « pneumonie d’origine inconnue ». Puis, à 18 h 50, un deuxième avis a été émis, avertissant « de ne pas divulguer d’informations au public sans autorisation »xli. Ce n’est que le 31 décembre 2019 que la Chine a signalé à l’OMS l’épidémie de Wuhanxlii, sans donner le génome ni le mode de transmissionxliii.
Le 1er janvier 2020, le marché aux animaux de Wuhan était fermé, mais l’épidémie a continué. Le 3 janvier, le Parti Communiste Chinois (PCC) interdisait aux scientifiques de partager les informations sur le SARS-CoV2. Le 5 janvier, Zhang Yongzhen, virologiste au Shanghai Public Health Clinical Center (SPHCC) publiait la séquence du virus SARS-CoV2 sur un site Internet aux États-Unis, mais avec embargo jusqu’en juillet 2020. Dès le 7 janvier, il soumettait un article pour commenter cette séquence (sans remarquer le site de furine). Sous pression, il a désobéi au PCC et à l’État chinois et a finalement partagé le génome avec un coauteur, qui l’a mis en accès libre immédiat sur un site britannique le 11 janvierxliv. Il a affirmé ne pas avoir été informé de l’interdiction par le PCC de la partager. Encore le 14 janvier, l’OMS assurait (sur la base des informations chinoises) qu’il n’y avait pas de preuves que le virus se transmette d’humain à humain. Cependant, le 20 janvier, la Chine reconnaissait la transmission d’humain à humain et ordonnait un confinement de la population des plus grandes villes à partir du 24 janvier. Zhang Yongzhen a reçu une « rectification » du gouvernement lui interdisant de travailler sur ce virusxlv. Le 28 avril 2020, il a trouvé la porte de son laboratoire fermée par l’État chinois. Il s’est ensuite battu pour retrouver sa fonction.
Les virus hébergés dans les premières personnes infectées ont très peu de diversité génétiquexlvi. Il est donc plus probable qu’il y ait eu une seule apparition du virus, et non une population entière de virus ayant coévolué naturellement avec des humains (thèse zoonotique)xlvii. En effet, une zoonose suppose plusieurs passages aller et retour d’animaux à des humains, ce qui génère une certaine diversité génétique avant tout passage d’animal à humain, permettant une forte transmissibilité entre les humains.
Entre-temps, le 19 février 2020, le journal médical The Lancet publiait une lettre signée par 27 scientifiques éminents dans laquelle les auteurs (dont Daszak) déclarent : « nous nous unissons pour condamner fermement les théories conspirationnistes suggérant que la COVID-19 n’a pas d’origine naturelle » et « des scientifiques de plusieurs pays […] concluent massivement que ce coronavirus provient de la faune sauvage. […] Les théories conspirationnistes ne font que susciter la peur, les rumeurs et les préjugés qui mettent en péril notre collaboration mondiale dans la lutte contre ce virus » et ne déclarent « aucun conflit d’intérêt »xlviii. Richard Horton, éditeur en chef de The Lancet, a reconnu que « Peter Daszak aurait certainement dû déclarer ses conflits d’intérêt dès le début »xlix. Outre ses propres financements, Daszak finançait les cosignataires de cette lettre, qui étaient donc ses obligés.
Du 14 janvier au 10 février 2021, l’OMS a envoyé une équipe en Chine afin de rechercher l’origine du SARS-CoV2. Il fallait avoir l’accord de la Chine, qui a, en outre, exigé certains participants, dont P. Daszak. La mission était « d’identifier la source zoonotique du virus »l (sic). La moitié des chercheurs, de nationalité chinoise, a eu accès à des données chinoisesli. L’autre moitié a seulement discuté les rapports des chinois sur ces données. L’étude par l’OMS a conclu que la zoonose était « probable à très probable » et un incident de laboratoire « extrêmement improbable »lii. De même, la conclusion du directeur de la mission (Peter Embarek) est que « l’hypothèse d’un incident de laboratoire est extrêmement improbable pour expliquer l’introduction du virus »liii. Moins convaincu, le Directeur général de l’OMS « a appelé à la conduite d’études supplémentaires »liv. Des scientifiqueslv ont également émis de très fortes critiques. De même, les États-Unis, avec 13 autres payslvi, ainsi que l’Union européennelvii, ont déclaré que plus de clarté et de transparence étaient nécessaires et faisables pour avancer. En revanche, la porte-parole du Ministère des Affaires étrangères chinois s’est retranchée derrière la conclusion scientifique de ce comité d’expertslviii. Des journalistes retiennent que « l’évidence pointe vers les chauves-souris comme animal réservoir probable »lix.
En cette seconde partie, nous venons de donner de nombreux détails de l’historique de la pandémie de COVID-19 et plusieurs pistes d’explications. Les erreurs ou mensonges des uns et des autres sont visibles. Nous aborderons donc, en troisième partie, la question de l’origine du SARS-CoV2 et les positions des diverses parties.
i Olivier Leduc, « Origine de la Covid-19 : la fuite de laboratoire est la plus probable », Inf’OGM, 4 septembre 2025.
ii Menachery, V., Yount, B., Debbink, K. et al., « A SARS-like cluster of circulating bat coronaviruses shows potential for human emergence », Nat Med 21, 1508–1513, 2015.
iii S. Lerner et M Hibbett, « Leaked Grant Proposal Details High-Risk Coronavirus Research », The Intercept, 23 septembre 2021.
iv C’est un site de coupure de la furine, mais nous préférons raccourcir pour ne pas alourdir cette partie technique.
v Le collectif Drastic a publié l’avis de la DARPA :
DARPA, « Project DEFUSE: Defusing the Threat of Bat-borne Coronaviruses ».
vi« highly cost-effective » et « US researchers will likely freak out ».
Alina Chan, « Why the pandemic probably started in a lab in 5 key point », New-York Times, 3 juin 2024. Alina Chan et Matt Ridley, Viral – The Search for the Origin of Covid-19, Harper Collins Publishers, 28 juin 2022.
United States Department of the Interior, « U.S. Geological Survey (USGS) Freedom of Information Act (FOIA) Tracking #DOI-USGS-2023-000257 – Response », 5 décembre 2023.
vii K. Eban, Ralph Baric, « Whose Virology Techniques Were Used in Wuhan, Testified That Lab Leak Was Possible », Vanity Fair, 1er mai 2024.
viii H. Choe et M. Farzan, « How SaRS-COv2 first adapted to humans », Science, Vol. 372 Issue 6541, 30 avril 2021.
ix Zhou, P. et al., « A pneumonia outbreak associated with a new coronavirus of probable bat origin »,Nature 579, 270–273, 2020).
x B. Coutard et al., « The spike glycoprotein of the new coronavirus 2019-nCoV contains a furin-like cleavage site absent in CoV of the same clade », Antiviral Research 176, 2020.
xi Xia, S., Lan, Q., Su, S. et al., « The role of furin cleavage site in SARS-CoV-2 spike protein-mediated membrane fusion in the presence or absence of trypsin », Sig Transduct Target Ther 5, 92, 2020.
xii M. Gordon, « U.S.-Funded Scientist Among Three Chinese Researchers Who Fell Ill Amid Early Covid-19 Outbreak », Wall Street Journal, 20 juin 2023.
M. Shellenberger, M. Taibbi et A. Gutentag, « First People Sickened By COVID-19 Were Chinese Scientists At Wuhan Institute Of Virology, Say US Government Sources », Public, 13 juin 2023.
xiii J. Cohen, « ‘Ridiculous,’ says Chinese scientist accused of being pandemic’s patient zero », Science Insider, 23 juin 2023.
xiv Ibid.
xv GOP Oversight, « A Hearing with the President of EcoHealth Alliance », Dr. Peter Daszak », 1er mai 2024.
xvi Ibid.
xvii K. Eban et J. Kao, « COVID-19 Origins: Investigating a “Complex and Grave Situation” Inside a Wuhan Lab », ProPublica, 26 octobre 2022.
Wuhan Institute of Virology, « 牢记责任,坚守使命 做我国高等级生物安全领域的开拓者——中科院武汉病毒所郑店实验室党支部事迹 », 20 octobre 2022.
xviii Ibid.
xix Ibid.
xx Ibid.
xxi J. Ma, « Coronavirus: China’s first confirmed Covid-19 case traced back to November 17 », South China Morning Post, 13 mars 2020.
xxii R. Westergard, « Surviving the Outbreak », State Magazine, avril 2020.
xxiii Fabrice Carrat, « Evidence of early circulation of SARS-CoV-2 in France: findings from the population-based “CONSTANCES” cohort », European Journal of Epidemiology, no 36, 219-222.
xxiv Rédaction, « A Milano e Torino il virus circolava già da dicembre. La conferma in una ricerca dell’ISS », Sanità informazione, 19 juin 2020.
xxv Apolone G, Montomoli E, Manenti A, et al., « Unexpected detection of SARS-CoV-2 antibodies in the prepandemic period in Italy », Tumori Journal, 107(5):446-451, 2020.
xxvi Michelle L. Holshue et al., « First Case of 2019 Novel Coronavirus in the United States », N. Engl. J. Med., Vol. 382 No. 10 pp. 929-936, 31 janvier 2020.
xxvii Denise Grady, « Deadly Germ Research Is Shut Down at Army Lab Over Safety Concerns », The New York Times, 5 août 2019.
xxviii Plusieurs références dans :
Contributeurs de Wikipédia, « Pneumopathie associée au vapotage », Wikipédia, l’encyclopédie libre.
xxix Contributeurs de Wikipédia, « Opération INFEKTION », Wikipédia, l’encyclopédie libre.
xxx N. Le Fustec, Covid, le secret des origines, EverProd/France Television, 30 mars 2025.
xxxi Rebuli ME, et al., « The E-cigarette or Vaping Product Use-Associated Lung Injury Epidemic: Pathogenesis, Management, and Future Directions: An Official American Thoracic Society Workshop Report », Ann Am Thorac Soc, janvier 2023.
xxxii T. Hoonhout, « Chinese State Media Falsely Claim U.S. Army Athlete Brought Coronavirus to China », National Review, 26 mars 2020.
xxxiii N. Le Fustec, Covid, le secret des origines, EverProd/France Television, 30 mars 2025.
xxxiv F. Leboucq, « Pourquoi la Chine accuse-t-elle les États-Unis d’avoir importé le virus ? », Libération, 22 mars 2020.
D. Gilbert, « China Is Now Blaming a Lone U.S. Cyclist For Coronavirus », Vice, 26 mars 2020.
xxxv H. Thibault, N. Guibert et C. Guillou, « Ce que l’on sait des Jeux mondiaux militaires de Wuhan, après lesquels plusieurs athlètes disent être tombés malades », Le Monde, 12 mai 2020.
xxxvi Editorial, « Wuhan’s early covid cases are a mystery. What is China hiding? », Washington Post, 17 novembre 2022.
xxxvii G. Demaneuf, « Arrested Development: The number of Wuhan cases of COVID-19 with onset in 2019 », octobre 2022.
Editorial, « Wuhan’s early covid cases are a mystery. What is China hiding? », Washington Post, 17 novembre 2022.
xxxviii OMS, « Origin of SARS-COv2 », 26 mars 2020.
xxxix « Associated Press China exonerates doctor reprimanded for warning of virus », AP News, 20 mars 2020,
xl M. Sharma, « ‘Made in Wuhan, shipped by Beijing’: A story of how Communist Party of China gave world Covid-19 pandemic », First Post, 31 décembre 2024.
xli Editorial, « Wuhan’s early covid cases are a mystery. What is China hiding? », Washington Post 17 novembre 2022.
xlii M. Sharma, « ‘Made in Wuhan, shipped by Beijing’: A story of how Communist Party of China gave world Covid-19 pandemic », First Post, 31 décembre 2024.
xliii D. Cyranoski, « Nature’s 10: ten people who helped shape science in 2020 », Nature 15 décembre 2020.
xliv Ibid.
xlv Ibid.
xlvi OMS, « Origin of SARS-COv2 », 26 mars 2020.
xlvii Alina Chan, « Why the pandemic probably started in a lab in 5 key point », p.9, New York Times, 3 juin 2024.
Alina Chan et Matt Ridley, Viral – The Search for the Origin of Covid-19, Harper Collins Publishers, 28 juin 2022.
The WHite House, « Lab Leak – The true origin of Covid-19 ».
xlviii Calisher C, et al., « Statement in support of the scientists, public health professionals, and medical professionals of China combatting COVID-19 », The Lancet, mars 2020.
xlix House of commons, « Science and Technology Committee – Oral evidence: Reproducibility and Research Integrity, HC 606 », 15 décembre 2021.
l OMS, « L’OMS demande des études et des données supplémentaires sur l’origine du virus SARS-CoV-2 et rappelle que toutes les hypothèses restent ouvertes », 30 mars 2021.
li Jesse D. Bloom et al., « Investigate the origins of COVID-19 », Science 372, 694-694, 2021.
lii OMS, « WHO-convened global study of origins of SARS-CoV-2: China part », p.9, 2021.
Annick Bossu, « Covid-19 : un expert de l’OMS parle juste avant la pandémie », Inf’OGM, 13 avril 2021.
liii « Covid-19: la théorie d’une fuite d’un laboratoire chinois «hautement improbable», d’après les experts de l’OMS », Le Figaro TV, 9 février 2021.
liv OMS, « L’OMS demande des études et des données supplémentaires sur l’origine du virus SARS-CoV-2 et rappelle que toutes les hypothèses restent ouvertes », 30 mars 2021.
OMS, « WHO director-general’s remarks at the Member State Briefing on the report of the international team studying the origins of SARS-CoV-2 », 2021.
lvJesse D. Bloom et al., « Investigate the origins of COVID-19 », Science 372, 694-694, 2021.
lvi US Department of State, « Joint statement on the WHO-Convened COVID-19 origins study », 2021.
lvii Delegation of the European Union to the UN and other International Organizations in Geneva, « EU statement on the WHO-led COVID-19 origins study », 2021 .
lviii « Covid-19: la théorie d’une fuite d’un laboratoire chinois «hautement improbable», d’après les experts de l’OMS », Le Figaro TV, 9 février 2021.
lix S. Newey, A. Gulland et S. Yan, « WHO team rules out China ‘lab leak‘ theory in Covid origins investigation », The Telegraph, 9 février 2021.


