Citoyen ordinaire
L’Européen moyen dit qu’il ne veut pas d’OGM.
On le sonde (Eurobaromètre), on le forme (Conférence de citoyens), on le formate (campagne de communication) : rien n’y fait, il demeure récalcitrant. Les biotechnologies agricoles, il dit qu’il n’est ni pour, ni contre. Il est suspicieux, c’est tout. Il ne croit plus au miracle.
On le décrit ignare, égoïste, irréaliste, irrationnel, pourtant on le découvre expert à déceler les ficelles des stratèges de la communication, échaudé par les expériences amères des comportements des institutions responsables du développement des réglementations des innovations technologiques et des risques.
Le rapport final d’un gros projet de recherche sur les perceptions publiques des biotechnologies agricoles*, financé par la CE qui vient d’être publié, décortique le bien fondé de ce manque de confiance.
Il montre que les institutions auraient intérêt à admettre les erreurs déjà commises, reconnaître les incertitudes, expliquer de manière transparente les processus de décision, appliquer de lourdes sanctions en cas de mauvaise gestion ou de fraude. Il conclut « de manière générale les institutions ont besoin aujourd’hui de démontrer que les opinions du public sont comprises, valorisées, respectées et prises en compte par les décideurs… ».
Elles n’en prennent manifestement pas le chemin en muselant, condamnant, embastillant les « alerteurs d’opinion » qui ont le courage peu ordinaire d’user de la liberté citoyenne, de refuser une politique de fait accompli.