n°164 - juillet /septembre 2021

Changer de paradigme pour résoudre les pandémies ?

Par Christophe NOISETTE, Annick Bossu, Hervé Le Meur

Publié le 14/09/2021

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La pandémie actuelle aura eu l’avantage de montrer la fragilité de nos sociétés. Depuis un siècle, notre civilisation s’est construite sur une surexploitation et une artificialisation du vivant dans toutes ses dimensions. Au-delà des solutions techniques, n’est-il pas temps de réfléchir plus globalement et de changer de paradigme ?

0Depuis les études déjà anciennes des naturalistes, des évolutionnistes et des écologistes scientifiques, l’interdépendance des êtres vivants issue de leur histoire commune et en lien avec leur milieu de vie (biotope) est une évidence. Cette idée d’interdépendance avait du mal à être prise en compte dans les décisions politiques. Elle implique notamment une pensée complexe et à long terme. Avec le virus SARS-CoV-2, qui s’est répandu sur toute la Terre très rapidement, cette interdépendance commence à être reconnue et débattue. La notion de déséquilibre irréversible de la nature, déjà envisagée, prend de l’ampleur.

Le pouvoir magique de la technique

Si cette notion se diffuse petit à petit dans l’espace public, la réponse à la pandémie faite par l’industrie et les politiques reste dans le paradigme technologique actuel. Selon eux, la technique va résoudre les problèmes qu’elle a posés, comme si elle avait un pouvoir magique. Mais surtout, la foi dans la technique dispense de remettre en question le monde tel qu’il est.

Pour être crédible, la solution technologique (à savoir ici les vaccins GM) aurait au moins dû s’accompagner d’autres mesures comme l’arrêt de la déforestation massive, la remise en cause des recherches sur les gains de fonction, une réflexion approfondie sur notre mode de vie responsable de certaines co-morbidités [1], l’investissement dans les hôpitaux publics… Bref, ne pas se contenter d’une seule solution…

Ainsi, voit-on naître des vaccins artificiels concoctés en un an après allègements des contraintes réglementaires sur les OGM [2]. Si, individuellement, on comprend qu’une personne à facteurs de risques se fasse vacciner contre la Covid, que dire de l’expérimentation collective des vaccins à ARNm et de ses éventuelles conséquences ? Le débat mérite d’être posé, le plus sereinement possible, en s’appuyant sur des faits. Or les personnes qui interrogent la vaccination sont accusées d’être irresponsables et celles qui critiquent ces vaccins seraient des complotistes. Inf’OGM préfère l’argumentation aux arguments d’autorité, à la fabrique du consentement [3] [4], au chantage à la responsabilité…

De même, ceux et celles qui remettent en cause la doxa officielle sur l’origine du virus se retrouvent vite taxés de complotistes. Dès le début de la pandémie, l’hypothèse d’une zoonose a été privilégiée : le virus serait passé de l’animal à l’homme. Cette hypothèse n’est toujours pas consolidée [5] à ce jour. L’hypothèse d’une fuite accidentelle d’un virus ayant subi des gains de fonction [6] dans un laboratoire a été avancée [7] mais considérée comme « extrêmement improbable » par le rapport de l’OMS [8] qui privilégie la zoonose. Pourtant, une enquête est demandée par un groupe de scientifiques [9] [10] pour faire la lumière à ce sujet.

Zoonose liée à une problématique environnementale ou virus échappé d’un labo ? Dans les deux cas, c’est le système de développement actuel qui est responsable.

Peux-t-on réfléchir autrement ?

Dans nos sociétés urbanisées, le lien originel des humains avec la nature tend à se rompre. Cet éloignement, et un hygiénisme parfois excessif, diminuent les possibilités de co-évolution de l’Humain avec les pathogènes. Peut-on alors raisonnablement s’étonner des déficiences du système immunitaire dans certaines populations ? Sans compter sur une alimentation devenue homogène, souvent déséquilibrée et issue de processus industriels qui en altèrent le plus souvent les qualités… et la richesse microbienne.

Cette analyse des causes de l’incidence du virus serait à compléter mais force est de constater qu’elle est curieusement peu considérée dans la lecture de la pandémie actuelle.

Il nous faudra apprendre à vivre avec des virus d’émergence « naturelle ». et donc à essayer de comprendre mieux les ressorts de notre co-évolution avec eux et avec tout le vivant. Par surcroît, il va falloir se prémunir du danger réel des virus modifiés ou créés en laboratoire menaçant l’humanité. Ce risque rejoint celui des OGM conçus de façon similaire. Et si, par-delà les risques, on questionnait l’artificialisation du vivant ?

[1Plusieurs articles scientifiques font notamment un lien entre obésité et sévérité de la Covid, notamment Rev Med Suisse. 2020 May 27 ;16(695):1115-1119. Autre facteur de comorbidité identifié par les scientifiques, le diabète : Ann Endocrinol 2020 Jun ;81(2-3):101-109.

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