Rubrique OGM – Les premiers dégâts collatéraux, déjà trois journalistes modifiés ?
Droit de réponse aux journaux Le Monde, Libération et le Canard Enchaîné
La lecture, en août, d’un article du Monde portant sur la recherche génétique sur les Maïs, a permis aux survivants Amérindiens une bonne tranche de rigolade, eux qui ne rient plus souvent, accompagné d’une profonde suspicion quant aux connaissances agronomiques des journalistes du « monde développé ». Le journaliste eut été avisé de faire quelques recherches sur cette graminée, ce qui lui aurait évité le ridicule.
Pour ceux qui s’en souviennent, le maïs originel était cultivé par les tribus indiennes dans le sud des Etats-Unis, sur les sols semi-désertiques. L’encyclopédie Hachette, dévote du « développement économique « nous en donne, dans son édition 1993, la définition suivante : « Maïs : Espèce de graminées d’origine américaine, à fleurs unisexes monoïques. La mise au point de maïs hybrides « révolutionne » l’agriculture dans les années 60 / 70, augmentant le rendement et surtout élargissant la zone de culture à des climats nettement plus favorables que celui de la zone typique du mais. Préfère les sols profonds, besoins en eau importants. Exige chaleur pour atteindre maturité et nécessite un bon apport d’engrais ».
Ainsi, c’est bien son hybridation, accompagnée d’une sélection pratiquée par les pères de nos chercheurs actuels, qui nous a vendu un maïs gourmand en eau et en engrais. Et maintenant, « la recherche »de leurs dignes successeurs voudrait nous vendre un maïs économe ?
Il serait utile de nous préciser, ce qui provient réellement de la plume du journaliste de ce qui a été piteusement repompé du vaste argumentaire déployé fort médiatiquement par les zélateurs des nécrotechnologies. « Le Monde « serait-il entré, lui aussi dans la logique de diffusion d’informations bidons, issues directement des services marketing et destinées à brouiller les pistes, évitant ainsi tout vrai débat ?
Ses journalistes pratiqueraient-ils l’OGM ( Onanisme Gentiment Mortifère .**) ?
Quelque temps plus tôt, pourtant, le Monde avait admis l’évidence dans son édition du 26/07 : « l’AFSA a pu constater, dix après le premier venu, la colonisation des cultures par les OGM ». On parlait à l’occasion de charte de transparence, de contrôles administratifs et autres gadgets destinés à contenir le juste courroux des défenseurs de la vie.
Les apprentis sorciers de la nécroscience pourraient se rapprocher des derniers vrais sorciers Amérindiens ( il en reste .), qui cultivaient le maïs dans le désert et leur demander humblement la recette, ils leur communiqueraient bien volontiers gratuitement, sans pour autant déposer un brevet sur le vivant.. Il est vrai que ces tribus prenaient le temps et la peine de faire de nombreuses danses ( grotesques et ridicules, comme tous les sauvages.) pour remercier le ciel, de la plantation à la récolte des quelques grains qu’ils obtenaient. plutôt que de jouer au loto génétique…
Le Canard Enchaîné du 29 août, sous la plume de l’innéfable Louis-Marie Horeau, remet une couche contre les refuseurs, se plaignant ouvertement du laxisme des autorités envers l’arrachage sauvage d’ « expérimentations OGM « , tentant de renvoyer dos à dos adversaires et promoteurs. Et revoilà la peur, reposant sur des ignorances et des confusions ( sic ). Au prétexte qu’au Etats-Unis, des millions de consommateurs ( les mêmes qui avalent des tonnes de pilules et qui ont choisi cradonald’s comme cantine ? ) avalent du maïs transgénique devant 20 ans sans accident signalé, le refus des OGM ne serait que peur due à un défaut d’étiquetage. Ainsi, selon lui, le consommateur serait donc libre de choisir, une fois les produits étiquetés correctement, en connaissance de cause. Encore faudrait-il que les mesurettes » proposées par les gouvernements européens soient réellement appliquées ! Quant à la colonisation des toutes espèces par les variétés transgéniques, via le maïs, entres autres, aux milliers de saumons transgéniques échappés de leurs prisons écossaises, qui se sont croisés avec leurs cousins sauvages, il ne s’agit pas de scénarios catastrophe, mais d’une réalité déjà catastrophique L’auteur s’en tire par une pirouette : les scientifiques reconnaissent qu’ils n’en savent rien « Eh ! Bien, comme disait Coluche, quand on sait rien, on ferme sa gueule.
Il fût un temps, pas si lointain, où nous instituteurs nous enseignaient doctement que la liberté individuelle s’arrêtait là où commençait celle des autres. Quelle est la liberté des agriculteurs propres de continuer à produire des produits sains, quelle est la liberté du papillon Monarque, première espèce animale sacrifiée aux manipulations génétiques ?
La culture du fait-accompli, relayée par les « grands « médias, ne peut conduire qu’à creuser le fossé entre le peuple et ses « élites » et débouchera sur de sérieuses déconvenues pour celles ci. Pourquoi voudriez vous que l’on vote où qu’on lise encore la presse ?
Les invectives contre les refuseurs n’y pourront rien, un vaste mouvement secoue la planète, il pose la question légitime du « progrès « et de sa finalité. « Le progressisme scientiste, désormais biologique, manque pour le moins de fraîcheur : à l’instar de cette société qui nous promet de résoudre sans retard ses contradictions quand elle ne fait en vérité qu’en empiler de nouvelles, jusqu’à trouer la couche d’ozone »***
Eric Dupin, de Libération, lui fait montre d’une grande sagacité en constatant, dans sa chronique du 29 août, que la culture d’OGM est de plus en plus contestée dans les pays riches.Difficile d’écrire autre chose, en plein période de « moisson essentielle ». Reprenant stricto sensu le discours des pires ravageurs que l’agriculture n’aie jamais connu, il tente de réduire la critique massive des OGM à la simple peur de la Frankenfood, tentant de ringardiser les opposants. Habile manipulation, bien connue, qui a permis, en son temps, d’imposer le nucléaire à des peuples qui n’en voulaient pas ! Négligeant d’un revers de main l’ensemble de l’argumentation des citoyens anti-OGM, pour qui la défense de la bio-diversité, la prise en compte d’un véritable principe de précaution, en refusant le fait accompli ( faut-il rappeler que les OGM, comme le nucléaire n’ont jamais fait l’objet d’un débat démocratique ? ), le refus de voir la nature violée génétiquement sont essentiels. C’était déjà sur cette ligne de front que se sont positionnés les écologistes ( René Dumont en tête ) et les fondateurs de l’agriculture biologique. Le constat était déjà accablant dans les années 60. Alors, la proposition des ardents défenseurs de génétique pourrait se résumer ainsi : « pour sortir de l’impasse défonçons le mur, peut importe ce qu’on trouvera derrière. » ou encore : « on ne change pas une équipe qui perd. « Le citoyen, lui, tout comme le consommateur a déjà voté : il ne veut pas des OGM. Difficile de s’attaquer de front à une telle évidence ! Alors Eric Dupin, porte-parole génétiquement ?) notifié par le lobby pro-OGM, essaye de nous refourguer la dernière parade des Multinationales : puisque ces ingrats n’en veulent pas, vendons-les aux pays pauvres. L’astuce étant d’essayer d’opposer, voire de culpabiliser les impétrants refuseurs des pays riches, en leur signifiant que les pauvres, eux, en auraient besoin. En auraient besoin, pour faire quoi, accélérer un « développement » qui a déjà ravagé des pays entiers en vidant les campagnes au profit des bidonvilles de mégapoles ingérables ? Le spectre de la famine, refrain bien connu des marchands d’engrais et de pesticides est alors agité pour faire avaler une énième pilule à des gosiers trop secs pour l’accepter. Car enfin, nous présenter la recherche génétique comme la seule solution aux errements du passé relève de l’acharnement suicidaire. Qui a éradiqué l’agriculture traditionnelle, ici et la-bas, si ce n’est l’agriculture chimique et la sélection outrancière des semences ?
Et Dupin de citer la Chine et l’Argentine, qui développerait les cultures OGM à tour de bras. Evidement, le modèle de démocratie qu’est la Chine à pris la peine d’informer les paysans sur ce qu’ils plantent. L’Argentine, en faillite, qui vit sous le diktat financier du FMI, a-t-elle le choix ? Citant un chercheur ( indépendant ou travaillant pour Monsanto ? ) , Dupin se plaint de la cherté des OGM : « le fossé génétique s’ajoutera au fossé économique ». Puisque qu’il faudrait à ces pays payer fort cher, tous les ans, ces nouvelles semences, stériles et sélectionnées pour un meilleur rendement. Elles en seraient d’autant plus fragiles, donc gourmandes en engrais et pesticides pour les protéger. Il ne reste plus qu’à Eric Dupin et consorts à fonder une ONG, appelée « Recyclage Sans Frontières », visant à faire accéder le tiers-monde à cette merveille de technologie, dont d’affreux ringards écolos, affublés de soixante-huitards attardés ( Pas comme Serge July, qui, lui s’est si brillamment converti. ) voudraient égoïstement le priver. Après les médicaments périmés ou retirés de nos marchés, les décharges de déchets toxiques, les essais clandestins de nouveaux vaccins, pourquoi pas, dans la foulée, comme essaye de faire EDF actuellement, leur parler de développement durable et de protection de la couche d’ozone à l’aide du tout-nucléaire ? Après tout, le nucléaire limiterait, à terme, les effets climatiques de notre ahurissant mode de vie sur les pays pauvres.
Qu’on se rassure, plus personne ne veut des OGM, pas plus dans le tiers-monde qu’ici. Dans tous les pays dotés d’un minimum de liberté d’expression, l’opposition est, de beaucoup, plus radicale qu’ici. Une rapide enquête dans les « pays pauvres », avant d’écrire de telles sornettes aurait démontré, oh ! surprise :
Qu’un Etat brésilien, le Rio Grande do Sul, le grenier à blé du pays, à interdit les OGM et se défend sa position, de pied ferme, contre le gouvernement central de Brasilia.
Que l’Inde, pays le plus peuplé du monde est l’un des pays ou la contestation des OGM est la plus forte, menée par les syndicats paysans, dont le KRRS, qui a inauguré la stratégie de brûlis des essais de coton de Monsanto dès 1998. Vandana Shiva, chercheuse indienne, témoin au procès de José Bové a même obtenu un jugement de la cour suprême indienne, suspendant les essais de coton transgénique la même année.
C’est d’ailleurs le même KRRS, co-organisateur de la marche des Indiens en Europe en mai-juin 1999, qui aimablement et gracieusement exporté son savoir-faire aux militants présents lors de la visite au CIRAD à Montpellier.
Que Le Brésil, le Costa Rica, l’Egypte et l’Indonésie tentent de mettre en place une législation leur permettant de protéger leurs ressources naturelles par un système national ( sui généris ), alternatif au droit occidental des brevets. Aux Philippines, la loi nationale de biosécurité bloque, pour l’instant, les manigances des semenciers pour y introduire le maïs Bt.
La Thaïlande interdit l’importation d’OGM pour l’alimentation humaine, comme l’Equateur, qui a inscrit la biosécurité dans sa constitution. Le Japon n’en veut plus et se montre très sourcilleux dans le contrôle de ses importations.
Au total, il y aurait, de par le monde, pas moins de deux milliards de pauvres dubitatifs, voire opposés aux OGM. Sans oublier tous les pays où la bataille fait rage, où les saccages, les fauchages et les intimidations, une fois l’information connue, sont si violents que les multinationales doivent reculer piteusement. En la matière,
« le temps perdu pour la recherche est, à coup sûr, du temps gagné pour la conscience », comme le dit si bien René Riesel. *
Heureusement pour les semenciers et leurs supporters, il resterait de bien belles dictatures pour imposer cette merveille à leurs sujets.
Non, plus personne n’en veut. Les pays pauvres pas plus que nous, c’est d’une autre logique dont ils ont besoin, et non de l’adaptation forcée et dramatique de notre système de « développement ». La solution à la malnutrition, à la famine viendra de la fin du développement, concept sur lequel travaille actuellement la multinationale des citoyens du monde, soutenue par les vrais scientifiques, pour qui « primum, non noccere », ( d’abord ne pas nuire ), reste encore le fondement de la recherche Les tentatives de diktat des multinationales semencières, elles, n’ont pour autre objectif que le développement de la faim.
*** : ( René Riesel, in L’Ecologiste n° 2, Eté 2001)
** : Définition de l’auteur, libre de droits.