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OGM : Inf’OGM dévoile les chiffres inexacts de l’Isaaa

Par Christophe NOISETTE

Publié le 10/05/2017, modifié le 08/07/2024

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Le rapport de l’Isaaa 2016 vient de sortir. Il annonce fièrement une augmentation des surfaces transgéniques entre 2015 et 2016, qui passeraient de 179,7 millions d’hectares à 185,1 millions d’hectares. Cependant, ce rapport est basé sur des estimations tout à fait contestables. Quelques éléments qui le démontrent.

Les données utilisées par l’Isaaa sont contestables.

 En Inde, les cultures de coton Bt ont fortement diminué au profit d’autres cultures et de variétés paysannes et indigènes de coton [1]. L’Isaaa évoque une diminution de 11,6 millions d’hectares en 2015 à 10,8 en 2016, ce qui ne correspond pas aux chiffres du gouvernement indien (10,6 millions d’hectares à 8,5). L’Isaaa a-t-elle confondu avec les surfaces totales cultivées en coton ? D’après notre source gouvernementale, l’emblavement en coton est en effet passé de 11,5 millions d’hectares en 2015 à 10,2 millions d’hectares en 2016. Et le ministère étasunien à l’Agriculture (USDA) considère que 10,8 millions d’hectares ont été récoltés en 2016 [2].

 Au Canada, également, des doutes sur les données Isaaa sont permis. Ainsi, le ministère étasunien à l’Agriculture (l’USDA), annonçait 10,385 millions d’hectares au Canada en 2015, l’Isaaa 11 millions d’hectares, et pour 2016, l’USDA estime les surfaces transgéniques à 10,267 millions d’hectares (donc en baisse) et l’Isaaa à 11,6 millions d’hectares (donc en hausse).

 Aux Philippines, l’Isaaa évoque une augmentation (de 702 000 ha en 2015 à 810 000 en 2016), chiffres contredits par l’USDA, pour qui ces surfaces sont en diminution : de 688 218 ha d’OGM en 2014/2015 à 656 079 en 2015/2016.

Nous retrouvons des différences substantielles dans d’autres pays, comme nous l’avons montré pour le Pakistan et pour le Soudan [3] (pour mémoire, l’Isaaa évoquait pour le Soudan 120 000 ha d’OGM cultivés en 2015, alors que le gouvernement soudanais annonçait 102 000 ha).

 En Europe, l’Isaaa parle d’une augmentation globale. Or l’augmentation n’est significative qu’en Espagne, où les données sont d’ailleurs aussi sujettes à débat… Mais en République tchèque, à partir d’une surface déjà dérisoire, on assiste à une forte diminution (995 ha à 75 ha), de même qu’au Portugal (de 8017 ha à 7070 ha) [4].

 La répartition pays industriel / pays en développement ne résiste pas à une analyse fine. En effet, en Argentine et au Brésil, classés par l’Isaaa dans les pays en développement, les plantes transgéniques sont cultivées principalement sur des très grandes surfaces. On est loin de l’agriculture familiale et vivrière des pays du Sud. Ces propriétés ont d’ailleurs empiété considérablement sur les surfaces dédiées à une agriculture de subsistance.

 Le nombre de pays cultivant des OGM a diminué entre 2015 et 2016, passant de 28 à 26. En effet, la Roumanie et le Burkina Faso n’ont pas semé un seul hectare avec des variétés transgéniques.

 En 2015, l’Isaaa considérait déjà que 18 millions de paysans cultivaient des OGM. Ce chiffre est impossible à vérifier. À partir de ce chiffre, l’Isaaa conclut que 90% des transgéniculteurs sont des petits paysans. En effet, « les exploitations indiennes ont une surface moyenne de 1,5 ha [5] » alors qu’elle atteint aux États-Unis, les 200 ha (soit plus de 130 fois supérieure).

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