Edito

Inf’OGM face à l’artificialisation croissante du vivant

Par Annick BOSSU et Antoine VEPIERRE

Publié le 15/02/2024, modifié le 22/02/2024

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En 25 ans, cela serait peu de dire que le dossier OGM a changé. Des plantes transgéniques qui occupaient, seules, l’attention des citoyens, le sujet voit aujourd’hui poindre les animaux génétiquement modifiés, les micro-organismes génétiquement modifiés (dont des virus) et les projets législatifs concrets ou potentiels de déréglementation qui vont avec. L’espèce humaine n’est pas en reste, notamment dans le domaine de la médecine. Cette artificialisation du Vivant en cours ouvre une porte majeure : son appropriation par quelques multinationales.

Depuis près de 25 ans, Inf’OGM exerce une veille citoyenne sur les OGM, s’efforçant à une transparence aussi complète que possible sur ce qu’ils sont, leur mode d’obtention, leur brevetabilité (ou autre régime de propriété industrielle), leur traçabilité, leurs risques potentiels pour tout le vivant…

Des plantes liées aux pesticides mais pas que…

La grande majorité des OGM sur le marché restent des plantes brevetées liées aux pesticides et adaptées au système agricole industriel. Même si les promesses qui les ont vus naître ne sont pas honorées, des investissements continuent d’alimenter les laboratoires privés ou publics pour continuer à modifier le génome des plantes, mais aussi des animaux : des moustiques vecteurs de maladies infectieuses, des poissons produisant plus de chair, des vaches sans cornes, pour ne citer que quelques cas. Les micro-organismes sont également de la partie, génétiquement modifiés dans le domaine alimentaire (pour produire des enzymes par exemple, mais également dans les filières viticole ou brassicole en tant que tels) et, peut-être, bientôt en agriculture… La modification génétique de l’être humain est également en route : thérapies géniques pour essayer de soigner des maladies somatiques (comme les cancers), vaccins génétiquement modifiés, embryons d’un nouveau type à partir de cellules souches génétiquement modifiées !

L’essor des outils de biotechnologie, associé à la culture en laboratoire de cellules isolées, conduit à expérimenter sur la paillasse de certains chercheurs des formes de vies génétiquement modifiées : des OGM 2.0 aux … « objets » biologiques.

L’outil informatique pour artificialiser

L’outil informatique à la puissance exponentielle est utilisé pour séquencer tant bien que mal l’ADN et les séquences génétiques qui le composent. Ces séquences d’ADN (matière palpable que l’on peut extraire des cellules), deviennent des suites de lettres sur un écran d’ordinateur (des DSI, en anglais, pour Digital Sequence Information). Le virtuel remplace le réel dans une symbolisation purement humaine. Mais ces informations génétiques numérisées sont soumises à brevets, comme peuvent l’être aussi les organismes les contenant. Le dossier des végétaux OGM, requalifiés NTG (pour nouvelles techniques génomiques), et les débats récents montrent que la portée de tels brevets sur les séquences numérisées peut s’étendre aux organismes qui contiennent ces séquences, y compris les semences, même si celles-ci ne sont pas issues de cette invention brevetée.

Une artificialisation du vivant qui conduit à son appropriation

L’artificialisation du vivant par « l’innovation » revendiquée permet in fine son appropriation par les multinationales semencières et pharmaceutiques. Alors que les modifications législatives se multiplient pour déréglementer ces OGM agricoles, pharmaceutiques ou d’autres produits d’utilisation industrielle, cette appropriation du Vivant et des savoirs qui y sont liés est, pour certains acteurs, une épée de Damoclès au-dessus de la Nature, des peuples autochtones, paysans et petits ou moyens semenciers.

L’association Inf’OGM est ainsi confrontée à la réalité des faits dans le domaine de « la recherche et l’innovation ». Les sources qu’elle doit recouper sont de plus en plus nombreuses et concernent des domaines variés, de plus en plus vastes. Car les problématiques des seuls OGM agricoles s’élargissent à d’autres domaines ! Inf’OGM va donc continuer de renseigner comme elle le peut cette fuite en avant technologique ainsi que les questions éthiques et les risques qu’elle pose.

Un nouveau site pour Inf’OGM

Vous l’aurez sûrement noté, le site d’Inf’OGM a fait peau neuve. Celui-ci reflète notre volonté de se projeter dans cet élargissement des domaines en vous proposant une navigation plus agréable et plus intuitive, adaptée aux pratiques de lecture en ligne actuelle. Au rang des nouveautés proposées, vous pourrez noter :
– une distinction entre Actualités, Brèves, Enquêtes et Vidéos sur notre page d’accueil ;
– un puissant moteur de recherche interne pour fouiller dans les 25 ans d’archives de notre média ;
– une nouvelle boutique proposant désormais un abonnement à notre journal papier couplé à un abonnement numérique OU la possibilité de ne s’abonner qu’à la version numérique du journal ;
– la possibilité de souscrire à une reconduction tacite de votre abonnement, pour ainsi vous éviter les démarches de réabonnement annuelles ;
– des montants d’adhésion à l’association variés, pour s’adapter à tous les budgets et permettre à toutes et tous de s’impliquer dans la vie de notre association et nous soutenir politiquement;
– un bouton de don visible, internalisé, et vous offrant la possibilité de nous faire des dons mensuels afin de nous soutenir financièrement et nous permettre de continuer notre veille citoyenne sur les OGM et l’appropriation du Vivant par les multinationales.
Nous espérons que ces innovations vous satisferont. N’hésitez pas à nous faire des retours si vous notez des dysfonctionnements ou améliorations à envisager.
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