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États Unis – Un comté dit oui aux cultures de betteraves OGM sur ses terres
Aux États-Unis, les propriétaires ont un droit de regard sur ce qui est cultivé sur leurs terres en fermage [1]. Propriétaires privés ou publics ont ainsi le droit d’interdire les cultures de PGM sur leurs propres terres, et ce malgré une autorisation nationale de ces cultures.
En décembre 2008, six agriculteurs de Boulder ont demandé l’autorisation de cultiver des betteraves génétiquement modifiées sur les terres qu’ils louaient au Comté. Dans cette région où la protection de l’environnement est essentielle pour la population [2], cette demande a fait l’objet de débats publics pendant près de trois ans. La ville la plus importante du Comté, nommée également Boulder, interdisait déjà la culture d’OGM sur son territoire depuis plusieurs années. Mais les terres agricoles de la ville sont bien moins vastes que celles du Comté et représentent donc un enjeu bien moindre.
En août 2009, la décision du Comté avait été différée, jusqu’à ce que soit mise en place une planification détaillée de la gestion des 6 500 hectares de terres agricoles du Comté. Un premier projet de rapport, rendu en octobre 2011, préconisait l’autorisation des cultures GM lorsque leurs avantages peuvent contrebalancer les risques. En novembre, deux membres (sur trois) de la Commission du Comté [3] demandaient à ce que figure dans cette planification l’interdiction progressive de ces cultures.
Le débat a finalement été tranché le 12 décembre 2011 [4] : les trois représentants de la Commission du Comté de Boulder ont voté en faveur de la culture de maïs GM résistant au glyphosate et de betterave Round-up Ready. En revanche, les représentants se sont montrés réticents à la possibilité d’autoriser d’autres cultures résistantes au glyphosate. Car s’ils ne pensent pas que les PGM puissent représenter un risque pour la santé, ils sont en revanche beaucoup plus inquiets sur l’utilisation du glyphosate. Afin d’en limiter les quantités épandues, la rotation des cultures est traditionnellement utilisée dans cette région, alternant cultures conventionnelles et maïs résistant au glyphosate. Le Comté ne souhaite donc pas autoriser des cultures pour lesquelles la rotation des cultures n’est pas pratiquée (comme la luzerne GM qui est une plante pérenne).
Le Comté travaille actuellement à la création d’un comité qui étudiera la balance bénéfices/risques des futures demandes d’autorisation de PGM. Il serait composé notamment de professeurs d’universités et d’experts sur la question. De nombreux citoyens ont manifesté leur inquiétude quant à la composition de ce comité et craignent la partialité des personnes y siégeant.
Les militants anti-OGM, déçus de cette décision, n’ont pas dit leur dernier mot et attendent avec impatience les élections de 2012, qui renouvelleront le siège de deux représentants sur trois de la Commission du Comté. Même si les citoyens ne peuvent proposer une initiative citoyenne, les futurs élus pourront, s’ils le souhaitent, soumettre la question de ces cultures au vote citoyen. Les anti-OGM souhaitent faire de ce sujet un thème central des prochaines élections. Sur les six candidats, tous ont exprimé leur intérêt pour la question des OGM mais avec des approches différentes [5]. Aux urnes maintenant de s’exprimer !
[1] En France, la possibilité existe, d’une certaine façon, pour les personnes morales de droit public, cf. http://www.infogm.org/spip.php?arti…
[3] La Commission du Comté est un groupe de fonctionnaires élus chargé d’administrer le comté. Les Commissions du comté sont habituellement composées de trois personnes ou plus.