Actualités
Canada – Les saumons transgéniques dans les assiettes
Le saumon transgénique arrive dans les assiettes canadiennes après près de 20 ans de tergiversations. Les associations de consommateurs ou écologistes n’ont pas dit leur dernier mot et l’industrie est encore très divisée sur l’intérêt de vendre ou non ce saumon génétiquement modifié pour grossir plus vite.
La bataille a été dure, âpre. Est-elle pour autant gagnée ? Le vendredi 4 août 2017, l’entreprise AquaBounty Technologies a annoncé la vente d’environ cinq tonnes de filets de saumon transgénique sur le marché canadien [1], après avoir obtenu l’ultime feu vert des autorités. Il s’agit de la première commercialisation d’un animal transgénique destiné à l’alimentation humaine. Dans ce communiqué, AquaBounty précise que la vente de ce saumon génétiquement modifié (GM) lui a rapporté 53 300 dollars en 2017.
Si les premiers saumons GM sont arrivés récemment dans les assiettes des Canadiens, les écologistes et les associations de consommateurs continuent de dénoncer l’absence d’un étiquetage obligatoire. Ils demandent aux supermarchés de ne pas vendre ce saumon dans leurs étals. Thibault Rehn, coordinateur de l’association québécoise Vigilance OGM, dénonce lui aussi l’impossibilité de choisir de consommer ou non ce saumon, car, sans étiquetage, rien ne le différencie à vue d’œil d’un saumon conventionnel. AquaBounty n’a pas souhaité révélé quelle(s) enseigne(s) avai(en)t accepté de vendre ce saumon. Pour Thibault Rehn, « les consommateurs canadiens deviendront, à leur insu, les premiers cobayes ». Ron Stotish, directeur exécutif d’AquaBounty, a seulement précisé que ce saumon a été vendu 11,70 dollars le kilo [2].
Le ministère de la Santé et l’Agence canadienne des aliments (ACIA) avaient estimé le 20 mai 2016 [3] que ce saumon « est aussi sain et nutritif pour les humains et le bétail [4] que le saumon classique ».
Actuellement, les œufs sont produits dans les installations d’AquaBounty dans l’île du Prince Edouard, puis expédiés ensuite au Panama. Ils reviennent ensuite sous forme de filets au Canada. En juin 2017, l’entreprise a étendu ses installations en vue d’intégrer la filière sur ce site de production.
Le saumon GM bientôt produit aux États-Unis ?
En parallèle, fin juin 2017, AquaBounty achetait une ferme piscicole à Albany, dans l’Indiana (États-Unis) – pour la modique somme de 14,2 millions de dollars – et attend aujourd’hui le feu vert des autorités étasuniennes pour commencer la production. L’élevage de saumon transgénique est interdit aux États-Unis, et l’autorisation donnée à la vente a été suspendue « jusqu’à ce que la FDA publie des lignes directrices en matière d’étiquetage pour informer les consommateurs finaux » [5]. AquaBounty estime que la production dans l’Indiana pourrait commencer courant 2018 et s’élever à 1 200 tonnes de saumon annuellement.
AquaBounty précise que des « essais en champs » (sic) avec ce saumon transgéniques ont commencé en avril 2016 au Brésil et en Argentine [6].
D’autres animaux transgéniques attendent aussi les ultimes autorisations, à l’instar des bœufs et vaches mis au point par l’entreprise AgGenetics dans le Tennessee aux États-Unis [7].
[2] 9,96 euros, taux de conversion au 9 août 2017.
[3] http://www.inspection.gc.ca/plants/plants-with-novel-traits/approved-under-review/decision-documents/dd2016-117/eng/1463076782568/1463076783145
[4] Ce saumon GM est autorisé à l’alimentation humaine et animale. Il est vendu actuellement exclusivement sous forme de filets, et les « déchets » seront incorporés dans des sous-produits destinés au bétail.
[5] , « États-Unis : le saumon OGM autorisé », Inf’OGM, 4 avril 2019