n°42 - mai 2003Tribune

OGM : entre affirmations gratuites et persuasions onéreuses, des consultations…

Par Gilles-Eric Séralini, CGB et CRII GEN

Publié le 30/04/2003

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Le gouvernement organise de manière quasi confidentielle une consultation Internet des citoyens (tous connectés au Web comme on le sait !) afin d’espérer amplifier les expérimentations aux champs des OGM. Les modalités laissent pantois avec un site Internet fonctionnant mal, mais il y avait urgence. Voilà longtemps que les consommateurs et les associations de défense de l’environnement ne sont plus représentés à la Commission du Génie Biomoléculaire évaluant ces expérimentations. Des experts alors s’y persuadent, avec quelques Académiciens, d’affirmations gratuites espérant les faire partager au gouvernement : les citoyens seraient mal informés, victimes de peurs primaires fomentées par des irrationnels, tandis qu’eux-mêmes jugeraient, par contre scientifiquement et en toute indépendance de l’économie, que le moratoire européen sur les importations de tourteaux de soja mal identifiés pour nos vaches retarde considérablement les développements très onéreux des biotechnologies, les concernant de près. Que tout cela nous paraîtra ridicule dans quelques années ! Le rapport du CRII-GEN sur les documents ayant servi aux Académies à établir leurs avis est consternant : aucune étude épidémiologique ou toxicologique n’a été examinée, et pour cause, elles n’existent pas ou sont lacunaires.

En fait, le problème n’est pas de savoir s’il faut de la recherche. Comme l’art, elle est inévitable dans une humanité qui se respecte. La question est à quelles fins, pour quels risques et à quels prix, supporte-t-on socialement la transformation des champs des agriculteurs en paillasses d’industriels, ainsi que la contamination potentielle de l’alimentation et de l’environnement ? Pour le savoir, il conviendrait d’abord de publier les résultats des expériences en serres préalables et les objectifs précis des expérimentations. On saurait qui s’intéresse aux ruches autour des champs d’OGM, ou qui, dans nos instances officielles est susceptible de doser ces OGM nouveaux et très particuliers dans la campagne avoisinante, s’ils s’échappaient… Réellement, personne. Les tris d’OGM peu caractérisés et les croisements avec de meilleures variétés commerciales constituent l’essentiel des essais. Qui, parmi les industriels responsables, a réalisé les premiers tests de toxicité sur mammifères au laboratoire avant d’aller aux champs ? Encore personne. Le coût de revient des OGM serait trop élevé par rapport à des techniques classiques. Mais les OGM permettent de breveter la base de l’alimentation, et la pression économique est donc considérable. Le gouvernement a-t-il consulté les citoyens sur ce dernier point ?

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