n°109 - mars / avril 2011Interview / débat contradictoire

Entretien avec Christian Vélot à propos de « OGM, un choix de société »

Par Christophe NOISETTE

Publié le 04/03/2011

Partager

Inf’OGM – Pourquoi un nouveau livre [1], deux ans après « OGM tout s’explique ».

Christian Vélot – « OGM un choix de société » m’a été demandé par les éditions de l’Aube : ce livre correspond à la retranscription d’une conférence grand public que j’ai faite dans le cadre de l’Université des Bistrots dont la devise est qu’ « il n’est point besoin d’estre triste pour estre sérieux », et où on allie le plaisir du palais à celui de l’esprit et de la connaissance. Comme le précédent ouvrage [2], il s’agit toujours d’un livre didactique mais présenté différemment et sous un angle plus sociétal, où sont notamment abordés, outre les différents aspects des OGM et de leurs utilisations, les problèmes de l’expertise, de sa transparence, des conflits d’intérêt, et la notion de recherche participative.

Que pensez-vous du débat actuel sur les OGM ? Où le statu quo est-il toujours de mise ?

Christian Vélot – Je pense que le débat actuel sur les OGM continue d’avancer et que les lignes bougent. Bien sûr, il y a toujours quelques indécrottables défenseurs des OGM tous azimuts qui, soit utilisent la science et une certaine vision du progrès pour masquer des intérêts personnels, soit sont sincèrement persuadés que la science va tout résoudre y compris les problèmes qu’elle génère ; mais de plus en plus de chercheurs prennent conscience que le développement des OGM agricoles n’a justement rien à voir avec la science qui n’est utilisée que comme vitrine pour justifier une technologie brouillon, approximative, mal évaluée, et pour servir des intérêts mercantiles à court terme. Par ailleurs, il me semble que ces toutes dernières années, le débat et les enjeux sociétaux des OGM ont vraiment marqué des avancées dans l’ensemble du corps social. Et ce débat qui est venu de la société civile est aujourd’hui de plus en plus porté par les élus et les pouvoirs publics. On le voit bien avec les nombreuses collectivités territoriales qui se sont joint à la procédure engagée par le département du Gers devant la Cour de justice européenne en vue d’annuler les dernières autorisations d’importations de maïs OGM accordées par la Commission européenne [3].

Pouvez-vous nous dire un mot sur l’Ensser, l’association dont vous êtes membre ?

Christian Vélot – Le réseau des chercheurs européens engagés pour une responsabilité sociale et environnementale (ENSSER) a pour mission de promouvoir une recherche critique et indépendante des intérêts mercantiles, et respectueuse des préoccupations sociétales. Il défend notamment le principe de précaution et la nécessité d’une meilleure évaluation des risques sanitaires et environnementaux des technologies existantes et émergentes. Ce réseau n’en est qu’au début de son existence et il est encore difficile de mesurer les retombées de ses initiatives, mais il permet clairement à tous les chercheurs européens qui alertent sur ces risques de coordonner leurs actions et de créer ainsi un rapport de force qui permet de faire savoir aux instances européennes qu’il existe des divergences au sein de la communauté scientifique.

[1Vélot, C., « OGM, un choix de société », éd. de l’Aube, fév. 2011, 10 euros, 114 p., en vente sur http://www.infogm.org/catalog

[2A l’occasion de la sortie de son livre « OGM, tout s’explique », en vente à Inf’OGM, Christian Vélot avait répondu à nos questions : Entretien avec Christian VELOT, biologiste et auteur de “OGM : tout s’explique” 

Actualités
Faq
A lire également