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ROUMANIE – OGM : un ex de Monsanto, ministre de l’Agriculture
Le nouveau gouvernement roumain a obtenu, le 9 février 2012, le vote de confiance du Parlement, ce qui ouvre la voie à son investiture officielle. Mais avec le nouveau ministre de l’Agriculture, Stelian Fuia, se pose la question du conflit d’intérêt… Ce dernier a en effet travaillé pour plusieurs entreprises de biotechnologies ou agrochimiques : de 1993 à 1995, pour AgrEvo, de 1995 à 1996 pour Monsanto Roumanie comme responsable des ventes, de 1996 à 1999, pour Monsanto Europe à Bruxelles en tant que responsable du développement commercial, de 1999 à 2002, en tant que directeur commercial de Monsanto Roumanie, et enfin, de 2002 à 2005 pour Procera Agrochemicals Romania, une entreprise spécialisée dans les pesticides, les engrais et les semences.
Son CV, en libre accès sur Internet [1], nous apprend qu’il est diplômé de l’Université des sciences agricoles et vétérinaires de Bucarest, et a aussi étudié aux Etats-Unis, où il a bénéficié de cours donnés par Monsanto.
Stelian Fuia a pris position en faveur des OGM, lorsque, député, il a voté la loi (n°247/2009) qui a modifié le système des autorisations des OGM vers plus de laxisme et moins d’accès à l’information environnementale. Une autre modification a permis, nous signale l’association d’information sur les OGM, Inf’OMG, d’exclure les ONG des consultations sur cette question.
Une coalition regroupant de nombreuses organisations environnementales a d’ores et déjà demandé le départ de Stelian Fuia, considérant qu’il ne saurait exercer son travail avec objectivité, étant donné les liens étroits qui l’unissent à des entreprises ayant des intérêts économiques importants dans le pays [2].
Cette information est également reprise par le site pro-OGM « Alerte-environnement », mais pour critiquer la suspicion des écologistes : « Il a
tout simplement travaillé chez Monsanto. Pour nos amis écolos, c’est un fait
impardonnable discréditant à jamais ce ministre. […] C’est une nouveauté, les
écologistes viennent d’ouvrir la chasse au délit de sale gueule » [3]. Sans doute
conviendrait-il de préciser la notion de conflit d’intérêt aux rédacteurs
d’Alerte-environnement ?
Enfin, précisons, en ce jour de la St Valentin, qu’entre Monsanto et le ministère de l’Agriculture en Roumanie, c’est une longue histoire d’amour. En effet, le précédent ministre, Valeriu Tabara, ne faisait pas mystère de ses liaisons dangereuses. Nous écrivions à l’époque : « Selon sa dernière déclaration sur ce sujet, il reste en contact avec Monsanto même en étant ministre de l’Agriculture : ’’Il n’y a rien de secret ni d’illégal’’. Ce qu’il ne dit plus c’est qu’il a travaillé pour Monsanto, comme en témoigne son CV téléchargé à partir du site du Parlement roumain, le 2 juin 2006. Ce CV a depuis été expurgé de toute référence à Monsanto » [4].
Dans un pays où la « nostalgie » pour les cultures de soja RoundUp Ready est encore vive de la part des entreprises et de certains responsables politiques, la nomination de Stelian Fuia est un nouvel appel du lobby pro-OGM en direction de Bruxelles pour que la Commission européenne (ré)autorise ce soja GM.