Comment construire le débat citoyen sur les OGM ?
Au moment où le Comité des Sages mis en place par le gouvernement français organise des tables rondes sur les OGM et en particulier les expérimentations en champ, nous ne pouvons pas faire l’économie d’une question préalable : comment organiser le débat citoyen ?
En France, la prégnance du modèle démocratique représentatif, fondé sur l’élection de députés, constitue assurément un obstacle à l’émergence d’un véritable débat démocratique. Quelles en sont alors les conditions qui apparaissent essentielles, sans que cela soit limitatif :
* celui-ci présuppose que le citoyen existe et qu’il est constitué conformément aux principes fondateurs du modèle démocratique. Ceci renvoie au processus aujourd’hui insuffisant d’éducation du citoyen.
* dans ce débat pour autant que le citoyen puisse s’exprimer, encore faut-il que les forces qui animent le débat puissent disposer de moyens sinon identiques, du moins équivalents.
* la formulation des questions posées ou à poser ne doit pas s’opérer en privilégiant dès le départ un point de vue, sauf à pervertir les prémices de la réflexion.
* les réponses ne doivent pas être apportées avant que les questions ne soient examinées. Ce principe peut paraître une évidence, or concrètement, c’est le contraire qui se passe : la production et la commercialisation d’OGM est enclenchée, avant même que des choix associant les citoyens soient élaborés et alors même que tous les sondages d’opinion en montrent le rejet.
Bien sûr, mettre en avant ces prérequis du débat citoyen, peut laisser penser qu’un tel débat est aujourd’hui impossible. Pour autant, ils restent les points de vigilance permanents et indispensables pour que les uns et les autres ne se sentent pas piégés et manipulés.
Une première mesure apparaît incontournable : déconnecter le débat citoyen des calendriers politiques électoraux. Et l’inscrire dans la durée. Son rythme est lent, s’élaborant dans le temps incompressible de l’acculturation générationnelle des individus. L’urgence économique mise en avant par les firmes et les technocrates doit être relativisée. Il faut aussi que les moyens puissent être donnés de manière suffisante aux corps intermédiaires, les associations de consommateurs ou écologistes, afin qu’elles puissent œuvrer au quotidien à l’éducation citoyenne et à l’émergence d’une prise de conscience des questions posées.
Tout cela aujourd’hui n’est pas fermement établi. On peut alors comprendre que le débat ait du mal à se constituer, autrement que sous les formes édulcorées de la violence symbolique par les arrachages de cultures et du débat médiatique sur les OGM qui lui fait l’écho. Pour notre part à Inf’OGM, notre souci et notre mission consistent à participer à la construction de ce débat, en inscrivant dans la durée, une veille informationnelle, nécessairement contradictoire, sur les questions que soulèvent les OGM de par le monde.