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Brésil – Les moustiques OGM sont-ils inefficaces ?
Modifiés par transgenèse pour être « stériles » afin de réduire les populations de moustiques Aedes aegypti vecteurs de la dengue, les moustiques mis au point par l’entreprise Oxitec avaient été lâchés en 2013 en grand nombre dans plusieurs municipalités brésiliennes. Cependant, l’efficacité de ce moustique génétiquement modifié est remise en cause.
Dans l’État de Bahia, au nord est du pays, la municipalité de Jacobina avait accepté de servir de zone test pour ce moustique transgénique… L’entreprise Oxitec a annoncé que les lâchers expérimentaux avaient commencé en juin 2013 et devaient se prolonger sur une période de deux à trois ans [1]. Or, quelques mois après les lâchers, en février 2014, la municipalité vient de décréter l’état d’urgence sanitaire face à une recrudescence de l’épidémie de dengue. Pourtant, auparavant, l’entreprise en charge de la production à grande échelle de ces moustiques GM, Moscamed, avait rapporté une réduction de 81 % à 100 % des cas de dengue dans au moins deux quartiers de Jacobina.
Au cours des débats à la CTNBio, l’organe en charge de l’évaluation des OGM au Brésil, un des membres de la Commission avait émis un avis négatif : il soulignait que la réduction de la population du moustique Aedes aegypti pouvait, dans certains cas, aggraver la situation. La dengue peut en effet aussi être transmise via d’autres espèces de moustique, comme par exemple Aedes albopictus. Cet avis n’avait pas été écouté. Il semblerait que le terrain lui donne raison. Mais cette recrudescence pourrait aussi venir de la non disparition du moustique Aedes aegypti du fait d’un échec de la stérilité de la descendance des moustiques transgéniques. Une enquête officielle et publique s’impose.
En tout état de cause, des associations en faveur du développement de l’agroécologie et contre les OGM, comme l’AS-PTA, Third World Network ou encore GeneWatch, demandent à l’Anvisa, l’agence nationale de vigilance sanitaire, qu’elle exige des entreprises Moscamed et Oxitec la publication, dans une revue scientifique et reconnue, des résultats de leur expérimentation en milieu ouvert. Et elles demandent que les lâchers soient suspendus jusqu’à ce que l’incidence de ces insectes transgéniques sur la dengue soit clairement documentée et qu’un programme de surveillance efficace soit mis au point.