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CAMBODGE – Dupont s’installe mais ne demande aucune autorisation
Au Cambodge, l’entreprise Dupont a ouvert un bureau dans la capitale Phnom Penh. Mais à ce jour, contrairement à ce qui fut annoncé dans la presse [1] et comme l’a confirmé à Inf’OGM Saravoth Tut de Dupont, l’entreprise n’a aucune intention de demander une autorisation d’essai en champs ou commerciale pour une PGM. Toujours selon M. Saravoth Tut, l’annonce erronée d’une procédure en cours par la presse vient de la participation de Dupont à un séminaire sur l’agriculture au Cambodge. « Dupont a répondu favorablement à une demande du ministre cambodgien du Commerce pour venir faire une présentation de ce que sont les PGM, mais n’a aucune intention de déposer une demande d’autorisation quelle qu’elle soit », a expliqué à Inf’OGM le représentant de Dupont au Cambodge.
Pour l’heure, aucune PGM ne dispose d’autorisation commerciale ou d’essai en champs dans ce pays. Si Hean Vanhan, secrétaire d’Etat à l’Agriculture, reconnaît que le gouvernement cambodgien est sous pression pour adopter les PGM, il précise qu’à l’heure actuelle, les bénéfices liés, selon lui, au rendement supérieur (mais ceci est actuellement controversé, comme l’indique la brève ETATS-UNIS – Les PGM n’augmentent pas les rendements [2]), ne permettent pas d’ignorer les risques pour les exportations cambodgiennes, plusieurs pays importateurs ayant interdit les PGM sur leur territoire. Mais surtout, bien qu’ayant ratifié le Protocole de Carthagène en septembre 2003, le Cambodge ne dispose pas à l’heure actuelle des moyens humains, matériels et financiers pour gérer les PGM sur son territoire. En l’état, aucune biovigilance, aucun contrôle des importations, des exportations, et aucune traçabilité ne sont possibles.
Situé entre deux géants de l’agriculture du Sud-est asiatique que sont le Viêt Nam et la Thaïlande, le Cambodge peut difficilement représenter un pays clef en terme de marché intérieur. Mais sa force agricole réside dans sa production de riz. Au point que, à l’image des Philippines, du Laos, de l’Indonésie et du Viêt Nam pour ne citer que les pays de la région, les terres agricoles cambodgiennes sont convoitées par des pays cherchant à assurer leur approvisionnement en riz en achetant à l’avance toute la production de quelques régions [3]. L’adoption des cultures GM par les pays à forte production agricole est une étape obligée pour les entreprises les commercialisant. Ceci afin de faciliter ou imposer la généralisation de ces cultures dans le monde entier. Le Cambodge, pays à fort développement agricole, trouverait donc logiquement sa place dans une telle dynamique. Et l’ouverture d’une représentation de Dupont à Phnom Penh est peut-être un signe que ce pays devient probablement un passage obligé, voire stratégique, pour les entreprises productrices de PGM.
[1] Phnom Penh Post, 25 mars 2009
[3] El Watan, 21 avril 2009, http://www.elwatan.com/En-prevision…