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MALAISIE – Des moustiques GM contre la dengue…
Des insectes génétiquement modifiés pour être stériles pourraient être relâchés en Malaisie afin de lutter contre la diffusion du virus de la dengue [1]. Mais, contrairement à ce que peut laisser entendre l’article de la revue Nature, aucune demande d’essais hors d’un laboratoire pour ces insectes n’a encore été déposée. Cependant, interrogée par Inf’OGM, Lim Li Ching (Third World Network) précise que des réunions d’informations sur ce sujet ont bien lieu. Les insectes en question, tous mâles, ont été modifiés en intégrant par transgénèse dans leur génome le gène LA513. La présence de ce gène impose que les moustiques reçoivent de la tétracycline pour pouvoir procréer. L’absence de tétracycline dans la nature implique donc qu’une fois relâchés, ces moustiques ne pourront avoir de descendance. Ils pourront par contre s’accoupler avec les moustiques femelles mais sans donner de descendance. Les scientifiques espèrent ainsi que la population de moustique chute rapidement. Pour mettre au point ces moustiques, les chercheurs de l’Institut de recherche médicale de Kuala Lumpur ont travaillé avec l’entreprise anglaise Oxitech qui possède la technologie. Du côté des environnementalistes, une des principales questions qui se pose est de connaître les résultats des études d’impacts à long terme, s’il y en a eu. Quel est le risque que cette stérilité se diffuse à d’autres moustiques ? Comment les moustiques ont-ils été produits ?… A noter que l’unité française « Insectes et maladies infectieuses » de l’Institut Pasteur a conduit des comparaisons entre cette souche de moustique GM et la souche non transgénique [2]. Par ailleurs, dans le rapport 2005 de cette unité, nous pouvons lire que « la Fondation Bill Gates a donné à la société Oxitech 4,8 millions de dollars pour poursuivre la recherche dans ce domaine ». Et le rapport 2007 nous apprend qu’une des pistes suivies actuellement est la mise au point de souches d’insectes GM pour lesquelles le gène de stérilité ne serait actif que chez les descendants femelles [3]. La lutte contre les maladies véhiculées par les insectes semblent donc bien engagée dans la voie des insectes GM, même si les études d’impacts de ces organismes GM sont pour l’instant quasi inexistantes.
[1] « Sterile mosquitoes near take-off », D. Cyranoski, Nature, mai 2008, n° 453