n°150 - mai / juin 2018

Quel bilan des promesses environnementales liées aux OGM ?

Par Christophe NOISETTE, Eric MEUNIER

Publié le 07/05/2018

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Vingt-deux ans ! Voilà vingt-deux ans que les plantes génétiquement modifiées par transgenèse sont arrivées dans l’Union européenne. Largement importées, ces plantes ne sont plus cultivées actuellement qu’en Espagne et au Portugal. La question de leurs impacts environnementaux continue de faire débat alors que de nombreux risques sont pourtant avérés et reconnus.

Nous sommes en 2005 quand l’Assemblée Nationale organise « une mission d’information sur les enjeux des essais et de l’utilisation des organismes génétiquement modifiés » [1]. Le 19 janvier 2005, autour de la table, certaines des principales entreprises du marché des OGM sont présentes : Monsanto, Limagrain, Pioneer / Dupont. Et parmi les sujets abordés, celui de l’environnement. L’occasion de pouvoir promettre bénéfices et bienfaits environnementaux : diminution des quantités d’herbicide utilisées, diminution de la quantité de carburant utilisée… Des bénéfices qui ne se sont jamais concrétisés ou qu’il est impossible de mesurer. Contrairement à d’autres impacts mentionnés très rapidement par les organisations de la société civile méfiantes et niés par des entreprises comme l’augmentation des résistances, que ce soit pour les adventices ou les insectes cibles.

Les insectes non touchés ?

Selon Maddy Cambolive de l’entreprise Pioneer/Dupont, « on n’a jamais constaté [en 2005], dans aucune culture, de phénomène de résistance à la protéine Bt ». Le représentant de Monsanto, Stéphane Pasteau, affirmait lui que « la protéine Bt (…) agit seulement sur des familles très spécifiques, sans autre impact sur l’entomofaune » (les insectes présents dans l’environnement). En 2018, force est de constater que ces affirmations ont été contredites puisque les insectes ont développé des résistances à des protéines Bt (premier cas recensé en 2002 !) et que des insectes non cibles ont été touchés par ces protéines [2].

Les herbicides moins utilisés ?

Lors de cette mission, c’est l’entreprise Limagrain, par la voix de son Directeur général de l’époque, Daniel Chéron, qui était la plus affirmative : « l’utilisation du soja résistant au Roundup permet, sur un an, une réduction de 10 000 tonnes d’herbicides, soit un gain annuel de 1,2 milliard de dollars pour les agriculteurs ». En 2018, les chiffres des vingt dernières années montrent au contraire une augmentation du volume total d’herbicides utilisés dans des pays comme les États-Unis ou le Canada [3].

Les tracteurs se reposent grâce aux OGM ?

La force des OGM est, ou était, que le champ de leurs avantages est assez large à en croire les industriels. Christian Pees, vice-président de Coop. de France et président d’Euralis en 2005, affirmait ainsi aux députés et sénateurs membres de la mission que « l’utilisation des plantes génétiquement modifiées tend également à simplifier les pratiques culturales, donc à réduire le nombre de passages de tracteurs… Autant d’économies de fioul qui, rapportées au nombre d’hectares, représentent un gisement considérable ». Une étude à l’appui de cette affirmation ? Un exemple concret, une analyse ? Non, aucune (et personne ne lui en a demandé) ! Et pour cause, une telle étude nécessiterait de prendre en compte une filière complète et ses affluents, ce qui aujourd’hui apparaît pour le moins… compliqué [4].

Le présent dossier revient avec plus de détails sur certaines de ces promesses de bienfaits environnementaux des plantes transgéniques. Loin de prétendre être un bilan complet, ces quelques exemples permettent de se rappeler le contenu des débats voici une dizaine d’années. Une mémoire d’autant plus la bienvenue que le débat qui est en cours sur les nouveaux OGM a la même dynamique : des promesses de bienfaits. Serait-il utile de se rappeler l’adage expliquant que les promesses n’engagent… que ceux qui les croient ? À chacun de voir…

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