Animaux OGM : la suite logique de l’élevage intensif
La tendance actuelle voudrait que les élevages obéissent au triptyque : numérique, robotique, génétique. Cela au nom de l’innovation, de la rentabilité et, curieusement, au nom du « bien être animal » [1].
Actuellement, très peu d’animaux OGM sont commercialisés et les ventes restent très faibles. Comme chez les végétaux, les manipulations génétiques visent à accélérer la sélection de certains caractères jugés intéressants par les humains : c’est un saut quantitatif et qualitatif dans la domestication animale. Cependant, en parallèle, pour les animaux de rente, les effets indésirables s’accumulent. En effet, vendues comme des améliorations éthiques [2] ou pour produire plus de viande avec moins de ressources [3], ces modifications s’imposent au détriment du bien-être animal, de son intégrité physique, de sa santé et des rapports ancestraux qu’il entretient avec les humains. Certains auteurs de l’Inrae estiment que les modifications génétiques « renouvellent [les questions éthiques liées à l’« usage » des animaux au profit des humains] et les exacerbent » [4].
La question éthique se pose également par rapport à la réification des animaux au service de la santé humaine. Des animaux sont modifiés génétiquement pour tester des traitements, d’autres servent d’usine à médicaments, à organes [5]. Et le moustique transgénique [6], vendu pour lutter contre la dengue ou le paludisme, est un excellent cheval de Troie pour favoriser l’acceptabilité sociale de cette technologie. Derrière ce moustique « sympathique » se cachent des myriades de projets de stérilisation d’insectes parasites des cultures. Ces insectes pallient les échecs de l’agriculture intensive. Les animaux disparus sont, eux aussi, des facteurs d’acceptabilité. Appelé dé-extinction, ce phénomène mobilise énormément d’argent, et cache mal des enjeux économiques et politiques [7].
Au-delà de l’éthique et du bien-être animal, ce dossier montrera comment les modifications génétiques accélèrent la privatisation du vivant, la concentration capitalistique, la perte d’autonomie des éleveurs [8].
Au final, ces animaux OGM sont au mieux des pansements sur des jambes de bois, au pire des tentatives de faire perdurer un système agro-industriel à bout de souffle. Ils s’inscrivent dans la continuité paradigmatique de l’élevage industriel, d’une médecine et d’une écologie réductrices, tels que pratiqués depuis au moins 50 ans.