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ITALIE – Grande consultation populaire sur les OGM
En Italie, du 15 septembre au 15 novembre, une coalition « Liberi da OGM » [1], regroupant 28 organisations italiennes (syndicats agricoles, coopératives, entreprises agro-alimentaires et de la distribution, associations de protection de l’environnement et de consommateurs, scientifiques, associations de développement et de coopération internationale) organise une large consultation sur les OGM. Pour la Coalition, « placer le secteur agro-alimentaire, l’alimentation authentique, au centre du développement permettra à l’Italie de ne pas souffrir des contraintes internationales et lui permettra de contribuer, de façon originale, à la création d’une globalisation diverse et démocratique. […] De ce point de vue, les OGM sont incompatibles et inacceptables ». Au programme, ce sont plus de 1000 événements (conférences, débats…) qui sont inscrits : sur le site de l’initiative une carte interactive permet de connaître les points focaux et les événements par région.. Le but est de collecter trois millions de votes à la question : « voulez-vous que l’alimentation soit de qualité, durable, fondée sur la biodiversité et sans OGM ? ». Cette consultation est organisée sur le principe des référendums. Les opinions exprimées durant ces événements seront synthétisées et publiées.
Du côté des défenseurs des OGM, la réaction est faible, nous affirme Luca Colombo, membre du comité d’organisation. Il nous précise, par exemple que « récemment ils ont essayé d’organiser une contre offensive, mais ils n’ont pas de moyens vraiment structurés. Pour diffuser une contre information, ils utilisent un site internet d’un chercheur [2]. Par conséquent, il ne s’agit ni d’un site formel ni d’un site qui fait autorité ». En Italie, il existe quatre organisations professionnelles agricoles et trois d’entre elles ont adhéré à la coalition, la quatrième, confagricoltura, qui représente les grands propriétaires terriens, plutôt favorables aux OGM (au nom de la liberté de la recherche) n’a rien tenté pour parer cette initiative. Selon Luca Colombo, une seule organisation agricole, la futuragra [3], une petite structure qui regroupe une poignée d’agriculteurs du nord de l’Italie et « probablement sponsorisée par les entreprises de biotechnologies » s’oppose à cette initiative et « défend de façon fanatique les OGM ».
La coalition représente la chaîne alimentaire dans sa globalité, à l’exception des grosses industries de l’agro-alimentaire. Cependant, nous précise Luca Colombo, l’union de l’industrie alimentaire a écrit à la coalition pour préciser « qu’ils appréciaient cette initiative et qu’ils étaient ouverts au dialogue ». De même, au niveau politique, il n’y a pas de coopération officielle avec le gouvernement en tant que tel, mais des espaces de dialogue et de rencontre ont été créés. Ainsi, début octobre, une réunion a permis à tous les partis politiques d’affirmer que cette initiative était un moment important de démocratie.
Même si le gouvernement n’est pas tenu de suivre les résultats de cette consultation populaire, les organisateurs estiment qu’un vote massif contre les OGM l’orientera vers un moratoire non seulement des cultures, comme c’est aujourd’hui le cas, mais aussi des importations (principalement du soja GM destiné à l’alimentation du bétail).